La réunion devrait durer trois jours et se poursuivre aujourd'hui à Baghdad. Dès l'ouverture, les deux rivaux, le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki et son prédécesseur Iyad Allawi, ont campé sur leur position. Les dirigeants politiques irakiens ont entamé hier à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan, une réunion cruciale pour se partager le pouvoir et déterminer notamment la place à accorder aux sunnites, afin de sortir de huit mois d'impasse politique. La réunion devrait durer trois jours et se poursuivre aujourd'hui à Baghdad. Dès l'ouverture, les deux rivaux, le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki et son prédécesseur Iyad Allawi, ont campé sur leur position. «L'objectif de la réunion d'Erbil est d'obtenir la présence au gouvernement d'Iraqiya (la formation de M. Allawi, Ndlr) et de la convaincre d'accepter la présidence du Parlement», a affirmé le député de cette liste Hassan Allawi. Cette formation, arrivée en tête lors du scrutin du 7 mars, est soutenue par les sunnites qui ont perdu le pouvoir lors de l'invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, après avoir dominé ce pays depuis sa création au début des années 1920. «Il faut former rapidement un gouvernement qui reflète les résultats des élections, et nous devons être égaux en droits, en devoirs et dans (le partage) du pouvoir, sans que quiconque n'ait la haute main sur les autres», a affirmé le chef d'Iraqiya, l'ancien Premier ministre Iyad Allawi. M.Allawi, dont la liste a obtenu 91 sièges contre 89 à celle de Nouri al-Maliki, reproche à ce dernier d'avoir accaparé le pouvoir et de l'exercer de façon personnelle. Il exige donc une révision de la Constitution pour réduire les pouvoirs du Premier ministre. Pas question, a rétorqué M.Maliki. «Le partenariat doit être conclu avec de vrais partenaires attachés à la Constitution. La nouvelle page est conditionnée à l'attachement à la Constitution, c'est une condition indispensable au partenariat», a déclaré le Premier ministre sortant. Ces prises de position augurent mal des résultats de cette réunion, alors que le Parlement est convoqué pour jeudi afin d'élire son président, comme lui a enjoint la Cour suprême. L'élection du président du Parlement est une étape indispensable avant la désignation du chef de l'Etat et du Premier ministre, selon la Constitution. Le vice-président de la République, le sunnite Tarek al-Hachemi, s'est montré pessimiste. «Il y a eu des convergences politiques lors de nos réunions à Baghda, mais il reste des points essentiels non résolus et je ne pense pas qu'ils le seront lors cette réunion, car il faut du temps», a-t-il dit. Devant des positions aussi tranchées, l'ancien Premier ministre Ibrahim Jaafari a poussé un cri de colère: «Il faut que chacun fasse des sacrifices car le peuple attend des actions concrètes». M.Maliki arrive en position de force à cette réunion, car un accord a été conclu samedi entre l'Alliance Nationale, regroupement de formations chiites auquel il appartient, et l'Alliance Kurde. Après d'intenses négociations, M.Maliki dispose du plus vaste soutien au Parlement, avec 148 élus, mais il lui manquait encore 15 sièges pour obtenir la majorité absolue des 325 sièges du Parlement. Les différentes formations kurdes ont obtenu 57 sièges au total. Théoriquement, chiites et kurdes peuvent former à eux seuls un gouvernement, mais cela entraînerait une exclusion des sunnites, avec un risque de regain de violences de la part de cette communauté qui s'estimerait lésée. Selon cet accord politique, détaillé par le porte-parole du gouvernement Ali al-Dabbagh, le kurde Jalal Talabani continuerait à être chef de l'Etat, Nouri al-Maliki resterait Premier ministre, et Iraqiya se verrait offrir le poste de président du Parlement. Mais cette répartition n'a pas obtenu l'aval d'Iyad Allawi, qui souhaite pour sa formation le poste de chef de l'Etat.