L'ex-Premier ministre disposait déjà d'une confortable avance dans cinq provinces qui cumulent un total de 105 sièges. Le Premier ministre irakien sortant, Nouri Al Maliki, a creusé, hier, l'écart dans la course aux législatives en devançant largement ses rivaux dans la province-clé de Baghdad, selon des résultats encore partiels. Dans le même temps, les partis ont entamé des tractations pour former le prochain gouvernement, qui ne devrait pas voir le jour avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Selon des résultats publiés par la commission électorale et basés sur 18% des votes dépouillés, l'Alliance de l'Etat de droit (AED) de M. Al Maliki possède une large avance à Baghdad sur l'Alliance nationale irakienne (ANI), composée entre autres du Conseil suprême islamique d'Irak d'Ammar Al Hakim et du mouvement de Moqtada Sadr. Cette alliance de partis religieux est au coude à coude avec le Bloc irakien, le parti de l'ancien Premier ministre laïc Iyad Allawi. Seules 3000 voix séparent pour le moment les deux groupes. Samedi, M. Al Maliki possédait une confortable avance dans cinq provinces – quatre chiites dans le sud et celle à majorité chiite de Baghdad – qui cumulent un total de 105 sièges. Le Bloc irakien menait dans deux provinces à majorité sunnite du nord de Baghdad. Une victoire de M. Al Maliki à Baghdad, où se trouve le plus grand réservoir de sièges (70) et dans les régions chiites du Sud, assurerait au Premier ministre de remporter ces législatives cruciales pour la stabilité du pays. Tractations Une victoire de M. Al Maliki en nombre de sièges ne signifierait toutefois pas qu'il deviendra le futur Premier ministre car sans une majorité absolue au Parlement, impossible à obtenir, il devra composer avec les autres groupes politiques dont beaucoup refusent de le voir à nouveau diriger le gouvernement. Il existe une volonté d'alliance entre l'ANI et l'Alliance kurde, qui seront peut-être rejointes par Allawi. Adel Abdel Mehdi, le vice-président chiite et candidat de l'ANI, s'est d'ailleurs entretenu vendredi soir à Erbil avec le président de la région autonome du Kurdistan, Massoud Barzani, et le président kurde de l'Irak, Jalal Talabani, a indiqué Fouad Hussein, le directeur de cabinet de M. Barzani. Les partis de ces deux chefs kurdes, qui ont traditionnellement joué le rôle de faiseurs de rois en Irak, ont remporté la province d'Erbil et devraient arriver en tête dans l'ensemble du Kurdistan (41 sièges). « Iyad Allawi et Tareq Al Hachemi (le vice-président sunnite) doivent arriver aujourd'hui à Erbil pour rencontre M. Barzani », a par ailleurs ajouté M. Hussein. Mais M. Maliki n'a pas l'intention d'abandonner son poste s'il l'emporte haut la main. « La candidature de M. Maliki représente une revendication constitutionnelle, populaire et nationale car il a obtenu le plus de voix », a dit Abbas Al Bayati, un candidat de l'AED, actuellement député. C'est dire que les contours du futur gouvernement irakien demeurent encore flous.