La première session du nouveau Parlement irakien s'est ouverte hier, plus de trois mois après des élections législatives serrées qui n'ont pas encore débouché sur la formation d'un gouvernement de coalition. Dans ce contexte de crise politique, l'ouverture de la session parlementaire est le premier progrès tangible mais ne résout pas le plus profond, quant à la direction du pays. Le Premier ministre sortant, Nouri al-Maliki, s'accroche en effet au pouvoir et tente de s'allier avec des partis chiites pour empêcher son rival laïque Iyad Allaoui de former un gouvernement en s'appuyant sur l'étroite victoire en sièges de son parti, Iraqiya (le Bloc irakien), soutenu par la minorité sunnite. M. Maliki a participé à la séance inaugurale du Parlement lundi, où M. Allaoui a prêté serment. Le président de la chambre, Fouad Massoum, a ensuite ajourné la séance, précisant que le président serait désigné ultérieurement afin de laisser du temps aux tractations entre groupes. "Au nom du peuple, nous ouvrons la session de la deuxième assemblée des députés" depuis 2003, a affirmé M. Massoum, indiquant que la volonté et la détermination du peuple irakien ont permis le succès de ces élections. Le député irakien a en outre relevé que "plusieurs parties ne veulent pas la réussite du processus de démocratisation engagé dans le pays", affirmant toutefois que "le peuple a réalisé d'énormes progrès dans ce sens". Après l'ouverture de la séance, les 325 députés élus en mars ont prêté serment avant la levée de la séance, mais le Parlement restera en session, selon un autre député Mahmoud Othman, pour une durée indéterminée. Selon M. Massoum, la prochaine étape concernera l'élection de la présidence du Parlement et ses deux adjoints puis celle du président de la République qui devra par la suite nommer le chef de la plus grande coalition parlementaire qui sera chargé de former le prochain cabinet. L'ouverture de la séance inaugurale du Parlement irakien intervient alors que les concertations sont en cours pour la formation d'un gouvernement qui devrait satisfaire toutes les tendances afin de sortir le pays du blocage politique qui s'est imposé depuis plus de trois mois. Dans cette optique, le Premier ministre sortant de l'Alliance de l'Etat de droit (AED), Nouri Al Maliki, et le vainqueur de ces élections Iyad Allawi du Bloc irakien se sont rencontrés récemment, pour la première fois depuis l'annonce des résultats lors d'une réunion qualifiée "d'amicale et positive" par le bureau du Premier ministre sortant. Lors de ces élections qui s'étaient déroulées sous haute surveillance militaire, Iyad Allawi a obtenu 91 sièges du Parlement, devant Nouri Al-Maliki (89), alors que l'Alliance nationale irakienne était arrivée en troisième position avec 70 sièges et 43 siéges étaient revenus à l'Alliance kurde. Selon des responsables irakiens et diplomates, les partis arrivés en tête lors de ces élections n'ont toujours pas réussi à s'entendre sur la formation du prochain gouvernement. La formation d'un nouveau gouvernement en Irak a accusé du retard en raison notamment des divergences entre les forces politiques qui avaient obtenu le plus grand nombres de sièges, et qui se disputaient la coalition ouvrant le droit à la formation du nouveau cabinet et le nom du candidat pour le poste du nouveau Premier ministre. Mais la rencontre notamment entre les deux rivaux à savoir M. Al Maliki et Allawi traduit la volonté de toutes les parties à trouver une issue à la crise et surtout arriver à la formation d'un gouvernement incluant toutes les composantes des communautés irakiennes. L'ouverture de cette séance du Parlement intervient également dans un climat sécuritaire marqué par la reprise des attentats notamment dans la capitale Baghdad, dont le dernier s'est produit dimanche dans la banque centrale, faisant 15 morts, selon le dernier bilan des services de sécurité irakiens communiqué lundi.