Une déclaration qui donne froid dans le dos dans la mesure où cette éventualité n'est pas totalement écartée. Le principal adjoint de l'assistant du secrétaire à la Défense chargé des Affaires de sécurité internationale (ISA), Joseph McMillan, a soutenu que l'intervention militaire dans la région du Sahel ne peut avoir lieu que dans un cas extrême. «L'intervention des forces américaines au Sahel est vraiment le dernier recours», a estimé M.McMillan qui s'exprimait hier, dans une conférence de presse organisée au siège de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger. Une déclaration qui donne froid dans le dos dans la mesure où cette éventualité n'est donc pas totalement écartée. Il y a quelques jours, reprenant le prestigieux journal américain New York Times, le quotidien l'Expression a fait état d'un plan que préparerait le Pentagone pour le Sahel. Le journal américain a publié un dossier spécial intitulé «Le secret de l'offensive contre les terroristes sur les deux continents». Pour mener ces opérations, l'armée américaine s'est dotée, d'après le New York Times, d'équipements technologiques ultrasophistiqués et d'équipes de commandos spécialisés. De même qu'elle a eu à recruter des compétences en matière d'espionnage et de collecte de l'information sur le terrorisme. Pour l'instant, on n'en est pas encore à ce stade extrême qui nécessiterait et justifierait cette intervention militaire. «Nous partageons entièrement l'avis du gouvernement algérien qui est contre une intervention des forces étrangères au Sahel», a soutenu le responsable américain soulignant avec force que «le problème du terrorisme dans la région doit être réglé et traité par les pays de la région eux-mêmes et c'est la façon la plus efficace de mener la lutte antiterroriste». Si le conférencier a parfois «patiné» sur quelques détails dans d'autres sujets, ce qui a suscité un grincement de dents du responsable des affaires politiques de l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger, il a été en revanche, très pointilleux quand il s'est agi de la sensible question du Sahel. «Nous avons apprécié l'initiative algérienne de rassembler les pays de la région pour une lutte commune contre le terrorisme. C'est une initiative très importante», a déclaré M.McMillan. «Si demain nous avons une présence occidentale de quelque pays que ce soit (dans cette région), ils (les terroristes) vont devenir des moudjahidine et là, nous créerons un enfer avec les meilleures intentions du monde», a expliqué le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui s'adressait à la presse en marge de son intervention devant l'APN, il y a quelques jours. Le responsable américain a affirmé également que son pays soutient la position du gouvernent algérien au sujet du paiement des rançons. «Le paiement des rançons est une initiative contre-productive dans la mesure où elle permet le financement des groupes terroristes. Nous avons eu une longue discussion avec les responsables algériens qui ont une position très claire sur cette question. Le gouvernement américain a également une position claire qui ne fait aucune concession au paiement des rançons. Donc, nous partageons le même objectif», a-t-il dit. «Il y a plusieurs alternatives et on a abordé les méthodes et les moyens avec lesquels il fallait traiter cette question car le défi est de convaincre la communauté internationale sur la nécessité de criminaliser le paiement des rançons, une approche proposée par l'Algérie.» Le conférencier a ajouté que «cette question sera abordée prochainement par l'ambassadeur américain en Algérie avec les autorités algériennes de même que l'ambassadeur d'Algérie à Washington avec le département d'Etat, aux Etats-Unis». Il a précisé que ses discussions avec les responsables algériens ont porté, notamment «sur la coopération dans la lutte contre le groupe terroriste d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) et les moyens de développer et d'approfondir cette coopération pour la rendre efficace et durable». Aucun contrat pour l'achat d'armement n'a été signé: «Nous sommes en phase d'évaluation des besoins de l'Algérie dans ce domaine.» La coopération militaire entre les Etats-Unis et l'Algérie est composée de deux volets. Un volet stratégique qui concerne les manoeuvres militaires dont un grand programme débutera à partir de 2011 et concernera tous les pays de la région méditerranéenne. Et le volet sécuritaire qui concerne surtout «des formation et des rencontres d'experts qui définiront les besoins de l'Algérie et les méthodes avec lesquelles seront fournis ces moyens». Interrogé sur la question du Sahara occidental, le responsable militaire américain a été très peu prolixe voire évasif: «Cette question devait être résolue depuis longtemps. Le SG des Nations unies a chargé un envoyé spécial en la personne de M.Christopher Ross. Les Etats-Unis soutiennent tous les efforts à même d'aboutir à la résolution de ce conflit.» Cette conférence de presse intervient à la fin des travaux de la 4e session du Dialogue militaire conjoint algéro-américain qui s'est déroulé au Cercle national de l'Armée (Alger). Les travaux de cette session ont été présidés du côté algérien par le général-major Ahmed Sanhadji, secrétaire général du ministère de la Défense nationale, coprésident du dialogue, et par M.Joseph McMillan pour la partie américaine. La délégation américaine a été reçue hier, par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. «Ma visite en Algérie s'inscrit dans le cadre du dialogue militaire conjoint algéro-américain et la coopération bilatérale en matière de défense», a indiqué M.McMillan à l'issue de l'audience. M.McMillan a été reçu avant-hier, par le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelmalek Guenaïzia, ainsi que par le conseiller à la Présidence de la République, Abderezak Bara.