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Epître à Monsieur le Ministre de l'Enseignement supérieur
Publié dans L'Expression le 14 - 11 - 2010

«Ich bin ein Berliner.» John Fitzgerald Kennedy
C'est par ces mots simples que le président Kennedy, au plus fort de la construction du mur de Berlin, est venu témoigner de sa solidarité avec les Berlinois en 1960. Cinquante ans après, nous voulons témoigner de notre attachement à la situation délicate d'un de nos collègues, le professeur Ahmed Rouadjia, qui a fait l'objet d'un jugement le condamnant à purger une peine de prison. Quelle honte pour la communauté universitaire! C'est nous tous qui sommes interpellés et devons faire appel de cette peine. De quoi s'agit-il? Voilà un enseignant qui a combattu l'ignorance en gravissant toutes les échelles de la connaissance pour aboutir au stade ultime de professeur et qui se retrouve derrière les barreaux. Est-ce cela le parcours obligé de tous ceux qui ont de l'ambition «l'ghira» pour leur pays?
Dans un environnement universitaire, il faut bien le dire hostile, le professeur Rouadjia a fait du mieux qu'il a pu pour transmettre un message pédagogique, certes, pas parfait mais qui est en constante amélioration. Justement à propos d'environnement, vous savez Monsieur le Ministre que les chefs d'établissement n'ont pas pour certains, la sérénité qui leur permet de comprendre leur rôle au sein de l'université. Ils oublient trop souvent qu'ils ont été enseignants et pour certains, font de leur position administrative une fin en soi, à telle enseigne qu'ils n'ont plus le courage de réaffronter leurs collègues enseignants une fois leur mission administrative terminée.
Quand des enseignants, qui ont donné leur vie à l'université et c'est leur devoir, alertent la société sur les dysfonctionnements de leur milieu de travail, c'est que quelque part, ils ont l'impression, à tort ou à raison, que leur tutelle, -leur dernier recours- ne les entend pas.
La vraie bataille de l'Université
Monsieur le Ministre, je vous demande au nom de cette université qui nous tient tant à coeur, de réconcilier l'université avec sa société. Je demande au professeur que vous êtes d'intercéder pour la grâce du professeur Rouadjia. Je suis sûr que notre collègue a mesuré la dimension de ses propos qui, dans l'absolu recevables mais qui auraient pu être autrement formulés; il me vient à l'idée la façon dont les Japonais dit-on, protestent en faisant la grève, il mettent un brassard mais font le maximum pour augmenter la production plus que d'habitude avant la grève!
En l'occurrence, le corps enseignant, grâce à vous, qui avez su convaincre les plus hautes autorités, a vu sa situation sociale améliorée dans une proportion honorable à l'échelle mondiale. Monsieur le Ministre, il est une autre bataille qu'il nous faut gagner, celle de l'université fascinée par le futur, maintenant que les contraintes pécuniaires ne peuvent plus être invoquées.
Quand ces décrets ont paru, des centaines de mails ont circulé dans tous les sens et, c'est à qui informera l'autre, de la nouvelle grille des salaires. A l'un de mes interlocuteurs, j'ai répondu en disant: «Que proposent les enseignants en échange pour améliorer leurs performances pédagogiques, s'assurer que les cours sont de qualité et que la recherche porte sur des sujets en prise directe avec la réalité du pays?
On peut regretter que notre mentalité revendicative s'arrête à la satisfaction de nos revendications! Nous ne sommes pas que cela! En tout cas, nous devrons tendre à être des éclaireurs de la Société, nous qui sommes censés former l'élite de ce pays. Nous devons nous imposer par le savoir et les méritants devront progressivement émerger en séparant le bon grain de l'ivraie, je le dis avec le plus profond respect pour mes collègues mais force est de constater que certains parmi nous ne méritent pas la confiance qui est placée en eux.
A ce titre, il m'a été donné de connaître des enseignants qui ne sont pas professeurs et, de mon point de vue, ce n'est pas une fin en soi, et qui sont beaucoup plus rentables pour l'université que des professeurs qui ont mis la clé sous le paillasson depuis qu'ils sont nommés. Portés par la vague, ils disposent des privilèges associés à la fonction sans en avoir le mérite. Peut-être que cette façon linéaire, qui ne discrimine pas entre les besogneux et les autres, devrait être revue.
Monsieur le Ministre, l'université a besoin d'un souffle nouveau, elle a besoin d'être dynamisée. Pour cela, il faut que des règles de vivre ensemble soient établies et acceptées par tous les acteurs de l'université. Enseignants, étudiants et administratifs. Vous avez pris l'initiative, il y a trois ans, de confier une réflexion sur l'éthique et la déontologie à un collège de sages; ses conclusions ont permis la rédaction d'une Charte qui définit clairement les droits et les devoirs de chacun à l'université, qui englobe justement un espace de tolérance et de stricte neutralité.
Cette charte et, c'est une première depuis l'Indépendance, donne les règles qui doivent régir les degrés de liberté de l'administration dont le rôle doit se limiter à la gestion sans immixtion dans le pédagogique. Fort de l'histoire de l'université où nous avons vu, souvent, il faut le regretter, l'interférence de l'administratif dans la pédagogie, la progression annuelle, la confection des jurys. Avec une charte bien comprise, toute personne de bonne volonté trouvera que cet espace d'expression lui conviendra.
L'heure de l'autocritique
Si cette charte était mise en oeuvre, plus rien alors, ne s'opposera à donner un nouveau souffle à l'Université algérienne qui se doit de s'investir dans tous les domaines où sa compétence est sollicitée. Il est même important que l'université s'empare elle-même de pans entiers qui peuvent concourir à sédimenter un savoir et un savoir-faire au moment où le gouvernement à compris que rien de pérenne ne se fera si on ne sédimente pas à marche forcée un savoir-faire issu non pas d'un transfert de technologie hypothétique mais d'une vision algérienne de construction d'une technologie avec l'ambition partant des choses simples vers des choses de plus en plus complexes.
A ce titre, Monsieur le Ministre, rien ne doit s'opposer à une remobilisation de l'université qui doit faire preuve d'imagination, qui doit former des créateurs de richesse et non des demandeurs d'emplois. Parmi les grands défis du pays, ceux de l'énergie, de l'eau de l'environnement et de l'autosuffisance alimentaire devraient être des axes structurants de notre recherche.
Imaginons les milliers d'ingénieurs, qui auraient à travailler dans le domaine des énergies renouvelables si une vision stratégique de l'optimisation de nos ressources était tracée pour les vingt prochaines années; on a de la peine à imaginer le millier de petites entreprises (start-up) que des jeunes ingénieurs, à qui on aura facilité le crédit, pourraient contribuer à faire. Notre position (honorable) dans l'IDH du Pnud (que certains remettent en cause) ne sera pas dû à la disponibilité de la rente pétrolière mais à un réel essor technologique qui, contrairement à la rente, sera pérenne...
Monsieur le Ministre, Monsieur le Professeur, notre université a connu en une cinquantaine d'années plusieurs vies. Après la massification, étape tout à fait légitime, après différentes expériences plus ou moins réussies, la réalité est là, nous avons 1,2 million d'étudiants, près de 35 enseignants, un parc d'établissements supérieurs impressionnant à l'échelle de l'Afrique. Ces enseignants de l'université, qui ont témoigné au quotidien que l'Algérie était debout pendant les années rouges, en entretenant la flamme vacillante de la science, au lieu d'aller vers des cieux plus cléments.
Cependant, nous devons faire notre autocritique, notre enseignement n'est pas encore performant, l'acte pédagogique s'est détérioré sous l'action de plusieurs facteurs, il existe encore des dysfonctionnements, il y a des enseignants qui sont à l'université mais qui n'y croient pas car ayant d'autres centres d'intérêt. Nous devons faire plus que jamais notre autocritique.
Avec cette nouvelle considération - qui ne saurait être définitive- les autorités attendent de nous, à défaut de miracles, un réel coup de rein qui nous permettra d'améliorer l'image de marque du point de vue qualitatif. J'ai déjà dit que les classements donnés çà et là ne m'impressionnent pas outre mesure.
Une université réconciliée avec elle-même et avec sa société saura trouver en elle-même, les mécanismes à même d'aller vers la performance. Pour cela et au risque de me répéter, il est important de remettre cette Université au travail non pour produire des diplômes mais pour créer de la richesse.
Je vous prie, Monsieur le ministre d'être l'avocat de l'université, dont un de ses enfants, qui ne demande qu'à donner le meilleur de lui-même, fait l'objet d'une condamnation. Je suis sûr de rencontrer l'assentiment de beaucoup de mes collègues dans ce plaidoyer pour la grâce de notre collègue, le professeur Ahmed Rouadjia, qui, j'en suis convaincu, dans un environnement approprié tel que le promet la Charte de l'éthique donnera, alors, la pleine mesure de son talent. Il n'aura plus devant lui et nous aussi, que les innombrables défis que cette éternelle Algérie se doit de constamment relever pour avoir une chance d'émerger dans un monde de plus en plus chaotique et taillé à la dimension des plus grands.
(*) Ecole nationale polytechnique


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