Objet de polémique, le film de Rachid Bouchareb se voit enfin gratifié à sa juste valeur en recevant une médaille d'or et le Prix du meilleur film arabe. Le film algérien Hors-la-loi, du réalisateur Rachid Bouchareb, a reçu la médaille d'or et le Prix du meilleur long métrage arabe, lors de la cérémonie de clôture du Festival cinématographique international de Damas, dans sa 18e édition qui s'est ouvert le 7 novembre et a pris fin le 13 novembre dernier à l'Opéra de Damas. Pour rappel, le film Hors-la-Loi, de Rachid Bouchareb, a été projeté mardi dernier à Damas en compétition officielle des longs métrages, en présence d'un public nombreux composé d'officiels, d'artistes et de membres de la communauté algérienne en Syrie. La projection du film a été rehaussée par la présence du représentant de la ministre de la Culture algérienne, Ahmed Bedjaoui et les comédiens Chafia Boudraâ et Ahmed Benaïssa. Au cours du débat qui a suivi la projection du film, les intervenants ont rendu hommage au cinéma algérien tout en soulignant l'importance de telles oeuvres pour la relance du 7e art en Algérie. Ils reviendront, par ailleurs, sur la polémique qui a entouré la sortie du film avant et pendant le Festival de Cannes, en mai dernier. Des questions auxquelles Bedjaoui, Chafia Boudraâ et Ahmed Benaïssa ont tenté de répondre avec lucidité. Si le film Hors-la-loi est passé sous la trappe de la sélection officielle aux dernières Journées cinématographiques de Carthage, où l'on a préféré en dernière instance rendre plutôt hommage à Rachid Bouchareb à travers la projection de l'ensemble de son oeuvre, à Damas, c'est devant les sunlights que ce dernier a brillé en raflant cette double distinction. On ne connait d'ailleurs pas les motivations des organisateurs des JCC, lesquels ont choisi de placer un film des plus récents comme Hors-la-loi hors compétition alors qu'il était annoncé officiellement ici, en Algérie, dans cette catégorie. Quoi qu'il en soit, décrié, controversé, et bien qu'il ne fasse pas l'unanimité, le film enfin projeté sur nos écrans, commence à faire parler de lui et de façon, pour une fois, professionnelle au lieu d'un tapage médiatique nul et stérile. Ainsi, aux dernières nouvelles, on a appris que le film s'envolera prochainement aux Etats-Unis où il sera projeté le 8 décembre à Los Angelès. Ceci entre dans le cadre de la politique de promotion du film en prévision de sa sélection sur la liste des cinq meilleurs films internationaux devant prétendre au trophée si convoité «l'Oscar», lors de la célèbre cérémonie qui se tiendra à la mi-janvier prochain aux Etats-Unis. Question: Hors-la-loi participera-t-il au prochain Festival du film arabe d'Oran qui aura lieu du 16 au 23 décembre? Hors-la-loi est en fait l'histoire de trois frères, alias Rochy Zem, Sami Bouadjila et Jamel Debbouze dans la tourmente de la Guerre d'Algérie. Chassés de leur terre, avec leur mère (la grande Chafia Boudraâ) et leur père (Ahmed Benaïssa), ils se retrouvent séparés. L'un s'engage en Indochine. A Paris, le second prend la tête du mouvement pour l'indépendance de l'Algérie, et le troisième fait fortune dans les bouges et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin, scellé autour de l'amour d'une mère, se mêlera inexorablement à celui d'une nation en lutte pour sa liberté...le mouvement du FLN est en marche à Paris... Aussi, il est bon de souligner que le jury du Festival international du film de Damas qui a eu sacrément, du pain sur la planche pour se mettre d'accord, a décerné la médaille d'argent au film iranien SVP ne pas déranger, du réalisateur Mohsen Abdelwahab, la médaille de bronze est revenue, quant à elle, au film syrien La Pluie de septembre, du réalisateur Abdellatif Abdelhamid. Le réalisateur turc Reha Irdem a remporté, pour sa part, le Prix Mustapha-Akkad pour son film Cozmos. Le Prix du jury est allé au film italien Notre vie, du réalisateur Daniel Lucitti. Le Prix du meilleur acteur a été décerné à George Pesternu pour son rôle dans le film Si je veux siffler, je le fais, alors que l'actrice allemande, Gabrielle Maria, a reçu le même prix pour son rôle dans le film La Coiffeuse. Le jury a aussi adressé une motion spéciale d'encouragement au jeune réalisateur syrien, Samir Zikra, pour avoir adopté un roman à l'écran du cinéma. S'agissant de la catégorie des films de court métrage, l'Algérie, en compétition également avec Yanis Koussim et son excellent Khouya, ne recevra hélas aucun prix, ce qui n'enlève rien à la qualité de son film. Le jury a préféré octroyer la médaille d'or au film belge La Balançoire, du réalisateur Christophe Hermans, la médaille d'argent au film slovaque Pierre, du réalisateur Catarina Kaprikesova, tandis que la médaille de bronze est allée au film tunisien Vague, du réalisateur Mohamed Attiya. Pour info, ce vieux et un des plus importants festivals dans le monde a réuni, cette année, 46 pays arabes et étrangers et plus de 160 personnalités du cinéma. La Turquie est l'invité d'honneur cette année. A la fin de la cérémonie de distribution des prix, le festival a rendu hommage au réalisateur géorgien Utar Eusliani, et à la vedette égyptienne, Nabila Abid.