Pourtant le français y est couramment utilisé. En Algérie existe une francophonie qui ne dit pas son nom, celle d'un pays qui n'adhère officiellement à aucune instance de l'ensemble francophone et dont la langue officielle n'est pas le français mais l'arabe. Pourtant le français y est couramment utilisé. L'Algérie, qui participe au 3e Sommet de la francophonie au Liban, se montre ainsi intéressée à la francophonie sans y participer pour autant. Elle rejoint, par ce «statut particulier» d'autres pays comme le Cambodge, la Syrie - un pays anglophone - la Gambie et un pays du Bosphore, le Cap-Vert (la Gambie et le Cap-Vert sont d'ailleurs représentés aux sommets franco-africains depuis 1985). Il faut dire que la présence d'un chef d'Etat algérien à ce sommet est une première. Puisque l'Algérie, considérée comme l'un des pays francophones les plus importants, s'est tenue à l'écart de la francophonie depuis son indépendance en 1962, un retrait souvent dicté par des considérations d'ordre «politique», car les tenants de l'arabo-baathisme voyaient dans chaque espace francophone naissant dans notre pays les soubassements d'un affrontement civilisationnel entre arabo-islamisme et Occident francophone. De fait la «grande rivale» de l'arabe a été la langue française. Une langue, faut-il le reconnaître, qui exerce une influence exclusive ou très forte dans de nombreux espaces, si bien que la concurrence entre arabophones et francophones a été, jusqu'à un moment donné, très vive. Le problème posé par cet affrontement est toujours d'actualité. L'affaire est d'autant plus sérieuse que la langue française semble bien prendre, à l'heure actuelle, l'avantage sur la langue arabe (réforme de l'école, mondialisation...). Le monde arabophone doit-il pour autant faire face à la menace linguistique du monde francophone? Mais la francophonie qui prône avant tout l'égalité, la complémentarité et la solidarité dans ce creuset de la coopération entre Etats qui pratiquent la langue française, écarte ce danger. Désormais c'est de dialogue entre les langues qu'il s'agit. Pas d'impérialisme culturel ou linguistique donc. Le but étant la promotion des cultures et des langues nationales d'abord, comme stipulé dans les textes de l'Agence de coopération culturelle et technique (Acct) de l'organisation francophone.