Une expérience pouvant être apparentée à une véritable odyssée pour retrouver un savoir-faire constructif ancestral, a été présentée lors du séminaire sur le rôle de l'archéologie dans la mise en valeur de l'identité nationale, tenu dernièrement à Constantine. Cette expérience est menée sur des ksour du nord de Béchar à l'initiative de trois architectes algériens. Selon le rapport présenté sur le sujet par M.Smail Chieb, l'un des trois membres de l'équipe, les problèmes juridiques d'indivisibilité de l'héritage, de la réaffectation des bâtisses restaurées, de leur rentabilité et autres, ont tous trouvé des solutions. Outre ces aspects, les travaux menés sous la houlette de ce professeur d'architecture à l'université de Biskra et de ses collègues Saïd Mazouz de la même université et Abdelmadjid Hamouine de l'université de Béchar, ont surtout permis de retrouver une technique ancestrale, à savoir la construction avec du béton en terre stabilisé (BTS) qui constitue aujourd'hui un grand domaine d'intérêt pour les recherches architecturales dans le monde. Retraçant les étapes qui leur ont permis de rendre vie à des ksour en ruine et d'en faire des lieux touristiques très prisés, M.Chieb dira que la première étape des relevés et de l'enquête sociale a été faite «avec nos propres moyens car nous étions impatients de passer à l'action et d'expérimenter dans les faits une démarche de réhabilitation». Après l'étape des relevés il fallait réfléchir à des moyens pour retrouver les contours et les physionomies de ces bâtisses sans plans, construites selon des méthodes traditionnelles n'obéissant à aucune géométrie octogonale reconnue et, de surcroît, réalisées au moyen d'un matériau périssable comme l'argile. La tâche était loin d'être aisée mais «nous avons pu contourner l'obstacle en recourant aux enquêtes et en faisant appel aux souvenirs des vieilles personnes», souligne M.Chieb décrivant comment lui et ses camarades ont procédé, pour contourner les écueils de l'oralité qui a cette particularité de vous mettre en face de sources possédant un savoir-faire mais ne sachant pas le théoriser ni le raconter, à la demande mais de façon spontanée. Les efforts et la patience ont fini par payer, non seulement auprès de la population locale, mais également auprès des décideurs puisque le projet a fini par être adopté par le directeur de wilaya de l'urbanisme et de la construction (DUC) qui accepta de le financer par tranches et de le prendre comme projet-pilote en la matière.