Le «Monsieur Algérie» français, Jean-Pierre Raffarin, sera aujourd'hui à Alger où il tentera de raccommoder ce qui peut l'être entre les deux pays. Nommé le 2 septembre dernier, «envoyé spécial» par le président Nicolas Sarkozy, l'ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, essaie depuis, de déblayer un terrain semé d'embûches dans des relations pas toujours sereines entre Alger et Paris. Et pour cause! Incompréhension des uns, mauvaise volonté des autres, les contentieux se sont en fait accumulés au cours des deux-trois dernières années, plombant des relations certes difficiles, mais qui ne pouvaient être banales. De fait, envoyé en pompier, M.Raffarin doit raccommoder ce qui a pu être détruit par l'ancien chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, qui a fait tout faux envers l'Algérie. Ce n'est certes pas les difficultés qui ont manqué dans des relations faites de hauts et de bas, fallait-il pour autant aggraver la tension entre les deux pays, voire chercher la rupture? Dans un entretien à un confrère, Jean-Pierre Raffarin parle de «respect» et de «compréhension» des choix de l'Algérie. On n'en a pas eu l'impression au regard des faux problèmes érigés en obstacles sur le chemin des rapports algéro-français. Le dossier du diplomate algérien, Mohamed Ziane Hasseni, conclu récemment par un non-lieu, l'affaire des moines de Tibhirine, exhumée des années après la clôture du dossier, la glorification de la colonisation - responsable de la mort de millions d'Algériens et du déplacement de millions d'autres - pour ne citer que quelques-uns des contentieux, ouverts ces dernières années, sont autant de points d'achoppement entre Alger et Paris. La venue de Jean-Pierre Raffarin à Alger, s'il ne faut pas trop en attendre un règlement définitif du contentieux algéro-français, va sans doute contribuer au réchauffement de relations dont la température reste obstinément basse. Plus diplomate que ne l'a été M.Kouchner, l'ancien Premier ministre français, quoique conscient de la difficulté de la tâche, s'est dit avoir «bon espoir que nous pourrons avancer de manière pragmatique et résolue (...)». Certes! Mais peut-on encore et toujours se suffire de rhétorique et de paroles, souvent mielleuses, quand il faut du concret? La France n'a pas en vérité joué franc jeu dans ses relations, singulièrement économiques, avec l'Algérie. M.Raffarin, rappelait dans l'entretien, cité plus haut, que «430 entreprises françaises étaient présentes dans ce pays, ce qui a généré près de 35.000 emplois directs et 100.000 avec les emplois indirects» soulignant «la volonté de coopérer avec l'Algérie, de s'inscrire dans le long terme». Sans doute! Il n'en reste pas moins que cette coopération reste assez faible et en deçà des réelles possibilités économiques et commerciales de la France. Il suffit pourtant pour Paris d'appliquer à l'Algérie la politique qu'elle applique avec ses autres partenaires, celle de «gagnant-gagnant». On n'en est pas là à l'évidence. Même si les relations entre l'Algérie et la France se «portaient» globalement «bien», il est patent que Paris peut faire mieux. Sur un autre plan, on ne peut manquer de relever que la France compte parmi les grandes puissances dotées du droit de veto au Conseil de sécurité. Et lorsque l'on a cette responsabilité, il faut jouer effectivement son rôle avec efficience et prudence, car Paris détient entre ses mains un pouvoir (le droit de veto) dont elle ne peut user à tort et à travers. Ce qui se passa cependant dans le cas de la question sahraouie, quand la France usa de son veto afin de bloquer la constitution par le Conseil de sécurité d'une commission d'enquête internationale suite aux graves évènements survenus au camp de Gdeim Izik, dans la banlieue de El Aâyoune occupée. C'est sans doute le droit de la France de soutenir la position du Maroc sur le dossier du Sahara occi dental, elle a toutefois l'obligation de par sa position de membre permanent du Conseil de sécurité de ne pas détourner l'usage du veto de sa raison d'être, comme de respecter et faire respecter la Charte de l'ONU et les décisions du Conseil de sécurité, lequel, appelle à un référendum loyal et transparent au Sahara occidental. Cependant, les positions de la France vont visiblement à l'encontre de ce principe.