L'ancien Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, arrive, sauf imprévu, aujourd'hui à Alger. Désigné par le président Nicolas Sarkozy comme son «Monsieur Algérie», il a reçu pour feuille de route de travailler à la consolidation et à la redynamisation du partenariat algéro-français. Cependant, pour sa première visite à Alger dans le cadre de la mission que lui a confiée l'Elysée, Jean-Pierre Raffarin va devoir aborder avec ses interlocuteurs algériens de tous autres dossiers que celui de l'économique : ceux des sujets qui fâchent et font que la relation politico-diplomatique entre les deux pays est passablement et durablement brouillée. Sachant qu'aucune avancée ne peut se faire sur le volet du partenariat économique tant que la brouille politique persiste entre les deux Etats, l'ancien Premier ministre français consacrera par conséquent l'essentiel de ses entretiens en cette première visite à tenter d'aplanir le terrain au plan politique. C'est pourquoi, pour sa première prise de contact avec les autorités algériennes, il a opté pour ne pas être accompagné de chefs d'entreprises et d'opérateurs économiques de l'Hexagone, intervenants potentiels sur le marché algérien. Les discussions qu'il aura à ce stade de ses contacts avec ses interlocuteurs algériens n'étant pas de celles auxquelles ils peuvent être associés. Sarkozy a fait un bon choix en désignant Jean-Pierre Raffarin en qualité de son «Monsieur Algérie». Cette personnalité dispose en effet en Algérie d'un préjugé favorable. Il le doit au fait qu'il se distingue par sa modération et ses convictions humanistes qui lui font refuser d'épouser les prises de positions parfois ultradroitières qu'exprime la famille politique à laquelle il appartient. Ce à quoi s'ajoute l'avantage d'avoir été le Premier ministre de Jacques Chirac à un moment où ce dernier et le président Bouteflika ambitionnaient d'établir entre l'Algérie et la France un «partenariat exemplaire», avec un pacte d'amitié à la clef. Jean-Pierre Raffarin ne fut pas contre cet ambitieux projet bilatéral, pourtant vu sans chaleur par la majorité dont il était alors le chef. Autant donc d'atouts dont il pourra jouer pour faire tomber les préventions qui se marquent à Alger sur la façon de Paris d'appréhender les relations algéro-françaises et sur ses prises de position en certaines affaires. L'ancien Premier ministre est devenu le «Monsieur bons offices» de Nicolas Sarkozy, qui a eu recours à lui pour aller apaiser l'irritation antifrançaise des dirigeants chinois, n'ayant pas apprécié les leçons de droits de l'homme que Paris leur avait infligées à l'occasion de la préparation des Jeux olympiques de Pékin et sur la question du Tibet. Le Président français espère de lui qu'il renouvelle avec l'Algérie le succès qui a couronné sa mission en Chine. Mais avec les autorités algériennes, Nicolas Sarkozy sait qu'il faut des discussions tout ce qu'il y a d'officiel. C'est pourquoi, il est prévu que le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, fasse lui aussi le voyage sous peu à Alger, et qu'il est même possible que Michèle Alliot-Marie, la nouvelle ministre des Affaires étrangères, en fasse de même. Une façon pour le Président français de faire savoir qu'il tient à l'amélioration des relations algéro-françaises.