A chacune des sessions, les tribunaux d'Oran traitent, en moyenne, une dizaine d'affaires liées à la prostitution. Les éléments de la 15e Sûreté urbaine ont procédé, mardi après-midi, au démantèlement d'un réseau de prostitution exerçant dans le quartier de la Radieuse dans le secteur urbain d'El Othmania. Au total, 12 personnes, dont quatre jeunes femmes et la «patronne» ont été arrêtées et mises sous mandat de dépôt pour création de lieu de débauche appelé dans le dialecte local le «markaz» et incitation à la prostitution. Selon les premiers éléments contenus dans le rapport de l'enquête, l'affaire a été déclenchée par les riverains de la proxénète qui est, contre toute attente, connue dans le milieu. Ayant ras-le-bol de cette activité qui a souillé leur bâtiment, ces derniers ont alerté les services de la police d'Oran, les informant de l'existence d'un lupanar exerçant dans l'immeuble de leur résidence. La première information a été confirmée par la première ronde discrète des policiers qui ont constaté de visu, les incessants va-et-vient et mouvements des clients en quête de désirs charnels. Sur le champ, une action a été décidée, suivie d'une souricière. En moins de 24h, le groupe est tombé dans les filets. Parmi le groupe arrêté, plusieurs prévenus ont été pris en flagrant délit. La semaine dernière, un autre réseau est tombé dans la corniche oranaise. Ces deux affaires sont tout à fait semblables à la grande enquête opérée, en 2007, dans un immeuble situé sur le Boulevard du Front de Mer, dans le centre-ville d'Oran. A cette époque, un réseau constitué de plus d'une trentaine de personnes, dont des proxénètes, prostituées, leurs protecteurs et leurs clients ont été arrêtés en flagrant délit. Les affaires de prostitution et de création de lieux de débauche se multiplient dans une ville imbue de son titre et de sa position. La police des moeurs est sur le qui-vive, tandis que les instances juridiques sont noyées par ce genre d'affaires. A chacune des sessions, les tribunaux d'Oran traitent, en moyenne, une dizaines d'affaires liées à la prostitution tandis que les verdicts qui tombent sont souvent sévères. En dépit des mesures répressives, le phénomène n'est pas près de s'estomper. En effet, les lupanars ne sont plus ces maisons d'autrefois connues. Ils se sont transformés en «centres de prostitution» ces dernières années. Plusieurs habitations, situées dans des immeubles ou même dans des maisons individuelles, regorgent de ces activités sévèrement réprimées par toutes les lois. Leur extension a vu le jour durant les années 1990 lorsque le FIS dissous a, dans ses activités, soi-disant purificatrices et moralisatrices, voulu nettoyer les quartiers abritant les maisons closes autorisées par l'Etat. Le contraire s'est produit, plusieurs villes, notamment celles du centre du pays et plusieurs cités des Hauts-Plateaux ont été scandalisées du fait de la généralisation de ces maisons closes clandestines. Ce n'est pas tout. Le commerce du charme, qui prend des proportions phénoménales, est en pleine mutation ces dernières années. Au su et au vu de tout le monde, des scènes semblables aux séquences des films tournés dans les studios français et américains sont perceptibles. Le racolage, tant dénoncé par les Oranais continue à faire rage dans plusieurs rues et places notamment les plus célèbres. La place d'Armes, place des Victoires, sont connues par le commun des mortels. Des femmes de tous les âges et de toutes couleurs, venues des quatre coins du pays, exposent leurs charmes à même les rues, tandis que les sociologues sont noyés dans leurs incessants questionnements sans réponses: pourquoi des solutions, ne serait-ce que pour dissimuler les effets perceptibles, tardent à venir? D'autant que les effets engendrés par cette activité, dont le sida, continuent à faire des victimes.