Séoul n'a aucune certitude sur les motivations de Pyongyang et ignore également si la Chine, seul allié de poids de la Corée du Nord, est prête à agir pour calmer son voisin communiste. La Corée du Sud a menacé le Nord de représailles au lendemain du bombardement d'une de ses îles de la mer Jaune par les batteries nord-coréennes, mais ses options sont limitées si elle veut éviter un embrasement, estiment les analystes. Séoul n'a aucune certitude sur les motivations de Pyongyang et ignore également si la Chine, seul allié de poids de la Corée du Nord, est prête à agir pour calmer son voisin communiste. La présidence sud-coréenne a indiqué que l'armée «riposterait fermement à toute nouvelle provocation». La presse sud-coréenne parle hier de «crime de guerre» et le quotidien Dong-A Ilbo considère qu'une «matraque est l'unique remède contre un chien fou». Mais les hommes politiques, les généraux et les citoyens sud-coréens, qui vivent sous la menace d'une guerre totale depuis des décennies, savent aussi combien ils ont à perdre, rappellent les experts. Les deux Corée n'ont jamais signé de traité de paix après le guerre de Corée (1950-1953), et côté Nord, des centaines de missiles sont pointés vers Séoul. «Parce que la Corée du Nord a moins à perdre que le Sud, elle hésitera moins à prendre des décisions qui peuvent mener à la guerre», estime Mark Fitzpatrick, chercheur à l'Institut international des études stratégiques à Londres. «Bien que disposant de moyens de riposte, Séoul fera très attention dans sa réponse, de manière à ne pas créer une spirale dans l'escalade». «Malgré les déclarations énergiques, ce que peut réellement faire la Corée du Sud est limité», renchérit le professeur Yang Moo-Jin, de l'université de Séoul sur les études nord-coréennes. Et si la Corée du Sud, soutenue par les Etats-Unis, cherche à faire sanctionner ou condamner la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine et la Russie, qui disposent d'un droit de veto, refuseront probablement de les suivre, ajoute le professeur. «Si la Chine, ou la Russie, se joint à une condamnation internationale contre le Nord, Pyongyang pourrait répondre en procédant à un troisième essai nucléaire, en lançant un missile intercontinental et en sortant des engins nucléaires suffisamment petits pour être placés à la tête des missiles», ajoute Yang Moo-Jin. Robert Dujarric, directeur de l'Institut des études asiatiques contemporaines à l'université Temple de Tokyo, prévoit qu' «au final, Séoul et Washington décideront de leurs priorités afin d'éviter l'escalade, même s'il va leur falloir trouver un moyen de mettre en garde le Nord pour éviter de nouvelles provocations». Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont finalement laissé le Nord s'en tirer après le torpillage de la corvette en mars 2010, rappelle-t-il. Plusieurs observateurs estiment que les bombardements de la veille visent à renforcer la légitimité de Kim Jong-Un, héritier apparent et fils du dirigeant actuel Kim Jong-Il. «C'est une façon d'attirer l'attention de Washington et de montrer que le prochain dirigeant nord-coréen sait comment provoquer, comment se battre et comment être aussi imprévisible que son père», selon Rory Medcalf, l'un des directeurs du groupe de recherche Lowy Institute. «La clé, c'est la position de la Chine. La Chine est la seule puissance capable de porter atteinte au régime de Pyongyang», ajoute-t-il. La réponse de Pékin montrera «s'il place les intérêts de la région avant ses relations avec son dangereux petit frère à Pyongyang».