A l'heure de la libéralisation du marché, ce document a-t-il encore sa raison d'être ? Qu'en est-il du marché automobile en Algérie? La question mérite d'être posée et le constat n'est pas brillant. Nos villes grouillent de véhicules de toutes marques et de tous gabarits à tel point que les experts de ce créneau parlent, dès à présent, de «saturation du marché de l'automobile». Les interminables encombrements en sont un indice révélateur, même si la vétusté et l'inadaptation des routes en sont une seconde raison. La principale même. L'acquisition d'un véhicule est désormais accessible aux Algériens à condition d'en avoir les moyens. Mais cette acquisition est souvent soumise à des règles archaïques où les difficultés et autres obstacles bureaucratiques sont légion. En effet, les acheteurs potentiels subissent très souvent «les aléas et incommodités inhérents à toutes procédures de quelque nature qu'elle soit, c'est-à-dire dans le contexte formel (concessionnaires ou importateurs) ou informel (marché parallèle)». Dans le cas des concessionnaires, le citoyen se retrouve souvent devant l'obligation «d'accepter les retards de livraison des véhicules». Bien entendu, ces retards sont justifiés par les difficultés rencontrées dans l'acheminement des véhicules fabriqués ailleurs. Dans les procédures d'achat proposées par les succursales, il est demandé aux futurs acquéreurs de «verser une partie du montant à la Cnep et de payer le reliquat par tranches». Il est permis de dire que «ces sommes sont utilisées pour l'achat du véhicule par le concessionnaire, mais sans garantie de livraison». Devant ces retards qui ne sont qu'une des difficultés rencontrées, beaucoup de citoyens ont recours fatalement à d'autres moyens plus rapides et moins coûteux pour acquérir un véhicule neuf ou «d'occasion, mais en bon état». A ce titre on parle de 40.000 véhicules importés durant les neuf premiers mois de l'année en cours. Un flux considéré comme une perte pour les concessionnaires, mais aussi pour l'économie nationale. Selon certains concessionnaires, «la plupart des véhicules importés dépassent leur âge déclaré». Pour y parer, les concessionnaires se sont constitués en association professionnelle afin de peser sur la scène décisionnelle. Le refus d'adhérer à cette démarche de la firme Renault et l'absence de Peugeot aux débats précédant la signature du document final laissent transparaître l'existence de deux pôles se disputant le marché algérien de l'automobile. A ce titre et selon les statistiques, ces deux firmes occupent 90% du marché algérien alors que les firmes asiatiques (Kia, Daewoo...), rejointes par la firme allemande Volkswagen, seraient les concurrents immédiats. Hormis le marché parallèle dont les lieux se sont multipliés à travers le territoire, certains citoyens optent pour la formule de l'importation. Dans ce contexte, ils ont le choix entre acquérir à la source le véhicule et prendre en charge tous les frais qui en découlent ou «le faire acheter par une tierce personne possédant une licence d'importation délivrée à une certaine catégorie d'Algériens». Il y a lieu, d'ailleurs, de se demander pourquoi, ces licences sont toujours en vigueur alors que l'Algérie s'inscrit dans le contexte de l'ouverture du marché dicté par la mondialisation. Il n'en demeure pas moins que les détenteurs de ces licences sont exonérés de taxes douanières et autres mesures de dédouanement et donc peuvent alimenter le marché parallèle avec une facilité déconcertante. Il est séant de dire que cette pratique a généré des déséquilibres dans le marché algérien de l'automobile et créé un phénomène de disparité des prix exercés. Cela explique aussi la présence et la multiplicité des véhicules «grosses cylindrées» mis en circulation en Algérie. L'utilisation et le maintien de cette licence d'importation sont perçus, par certains observateurs comme «une entrave à l'ouverture du marché pour laquelle a opté l'Algérie et offre la possibilité à des spéculateurs et autres trabendistes de fructifier leur commerce sans être inquiétés outre mesure». Il revient à dire que la gestion du secteur de l'automobile devrait obéir aux exigences et conditions imposées par le marché de l'automobile dans le contexte de la mondialisation. La suppression de cette licence en serait une des mesures qui permettrait au marché de l'automobile de «retrouver ses marques».