Un petit voile se lève sur les coulisses du monde de la diplomatie et sur les félonies dont peuvent être capables certains dirigeants arabes. Y aura-t-il désormais un avant et un après WikiLeaks, dès lors qu'il est question de politique et de diplomatie? Il y a tout lieu de le croire face à l'avalanche de révélations de l'organisation WikiLeaks qui s'est donnée pour mission de tout dire sur les pratiques de la haute politique internationale, américaine singulièrement. Si le «tir» est frontalement dirigé contre les Etats-Unis d'Amérique, il n'en reste pas moins que le reste des pays du monde, plutôt leurs dirigeants, ne sont guère épargnés, donnant à voir certaines félonies dont peuvent être capables, notamment, des dirigeants arabes. D'ores et déjà d'aucuns s'interrogent sur les répercussions et conséquences de ce grand déballage alors que tous les pays, grands et petits, semblent concernés par la boulimie des «ambassadeurs-espions» américains. Ainsi, l'Algérie non plus n'en sort pas totalement indemne à en croire le site du magazine allemand Der Speigel, lequel indiquait hier sur son site en ligne que 1099 notes concernaient l'Algérie, dont le contenu n'a pas été, cependant, épluché par les 120 journalistes (des journaux de référence américain, New York Time, anglais, The Gardian, allemand, Der Spiegel et espagnol El Pais) chargés par l'organisation WikiLeaks de faire le tri des 250.000 documents qu'elle leur a confiés. Il est vrai que ces journaux ont décidé de ne pas traiter un certains nombre de documents, soit qu'ils ne présentent pas suffisamment d'intérêt ou n'ayant pas de lien avec l'actualité. Sous ce rapport, l'Algérie ne leur a pas semblé trop importante. Il n'en reste pas moins que la divulgation de ces notes classées secrètes et confidentielles lèvera sans doute le voile sur quelques faits et pratiques jusqu'ici tenues au secret dans notre pays. Der Spiegel, daté d'aujourd'hui, publie ainsi en page centrale une carte où sont situés les différents points d'où émanaient les câbles, notes et «mémos» US indiquant que 1099 notes provenaient de l'ambassade américaine à Alger. Nous en saurons sans doute un peu plus lors de la prochaine livraison. Julian Assange, directeur de WikiLeaks, promet ainsi de livrer les notes des ambassades américaines dans les pays arabes. En attendant ce moment, les câbles publiés retiennent largement l'attention et sont épluchés par toutes les chancelleries du monde et par des dirigeants pas du tout rassurés par ce que leurs réserveraient les diplomates américains. De fait, commentant cette nouvelle livraison de WikiLeaks, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, n'a pas hésité à faire le parallèle avec le 11 septembre et l'attaque d'Al Qaîda contre les Tours jumelles à New York, indiquant craindre un «11-Septembre de la diplomatie mondiale», qui, selon lui, ferait «sauter tous les rapports de confiance entre les Etats». De son côté, la France estime que ces divulgations sont «une menace» qui saperait «l'autorité et la souveraineté démocratiques». De grands mots! Si les Occidentaux ont promptement réagi, chacun selon son degré d'appréhension ou d'appréciation de l'événement, les alliés arabes des Etats-Unis étaient curieusement silencieux hier ne portant aucun jugement ou commentaire sur la publication de cette «bombe» qui met directement en cause certains d'entre eux. En fait, l'embarras était perceptible chez les Arabes qui ne savaient pas trop quoi dire sur ces révélations, d'autant que celles-ci dévoilent la duplicité de ces dirigeants usant du double langage, pratique dangereuse et allant à l'encontre des intérêts du Monde arabe. Ainsi, ces dirigeants arabes ont-il coutume d'appeler publiquement à une solution pacifique du contentieux avec l'Iran quand, en privé, ils incitent les responsables américains à choisir l'option militaire pour faire un sort à la présumée tentative de Téhéran de se doter de l'arme nucléaire. De ce fait, Israël qui possède un arsenal nucléaire n'est pas dangereux pour Riyad qui, en revanche, épouse l'antienne sioniste sur le danger provenant d'Iran. Ces choses ne doivent pas être dévoilées. C'est ce qu'indiquait hier, sous couvert d'anonymat, un conseiller gouvernemental saoudien selon lequel «tout cela est très négatif. Ce n'est pas bon pour bâtir la confiance». On ne le lui fait pas dire, d'autant que cela explique sans doute, aussi, pourquoi le dossier palestinien n'arrive pas à trouver une issue qui rétablisse les Palestiniens dans leurs droits. Justement notons que ces milliers de câbles et notes sont dépourvus d'éléments sur Israël, curieusement épargné. Les ambassadeurs américains n'avaient-ils rien à dire sur les dirigeants de ce «petit» pays «courageux» qui n'a pas hésité à provoquer des pogroms (Shatila, Sabra, Ghaza, Jenine...) contre le peuple palestinien? Cela viendra peut-être lors de la prochaine livraison des secrets des alcôves américaines?