Les préparatifs de la désignation des pays hôtes pour les Mondiaux 2018 et 2022, jeudi à Zurich, ont un petit goût amer, loin de l'ambiance festive de ce genre de rendez-vous. La faute aux suspicions de cas de corruption, qui a conduit la Fifa à suspendre certains de ses membres. Tout était pourtant réuni pour une cérémonie parfaite. Le jeu des retraits de certaines candidatures sur l'un ou l'autre volet, 2018 et 2022, avait permis de détacher une première répartition géographique: l'Europe aurait son Mondial en 2018 et le reste du monde profiterait de l'édition 2022. L'Angleterre, la Russie, l'Espagne associée au Portugal et les Pays-Bas avec la Belgique sont candidats pour 2018. Le Qatar, l'Australie, les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud le sont pour 2022. Mais la presse anglaise a fait voler l'ambiance en éclats. Le Sunday Times a lancé la polémique: le Tahitien Reynald Temarii, membre du comité exécutif de la Fifa, aurait demandé 1,6 million d'euros au profit d'une académie des sports en échange de son soutien à une candidature pour l'organisation d'un Mondial. Le Nigérian Amos Adamu, membre du comité exécutif, aurait quant à lui réclamé 570.000 euros pour soutenir une candidature, toujours selon le Sunday Times. Devant l'ampleur du scandale, la Fifa a tranché: La commission d'éthique a suspendu le 18 novembre ces deux membres du comité exécutif, jugeant qu'ils avaient contrevenu au code d'éthique de l'organisation. Amos Adamu, suspendu trois ans, et Reynald Temarii, un an, vont faire appel. Mais le soupçon est là, inévitablement. Les premières questions qui fuseront après la désignation rebondiront forcément sur le sujet. Le président de l'Union européenne de football (UEFA), Michel Platini, a ainsi récemment suggéré de changer le mode d'attribution de la Coupe du monde. Platini propose que le choix ne soit plus effectué seulement par la comité exécutif de la Fifa, qui compte 24 membres -dont il fait partie-, mais par un vote de l'ensemble des 208 fédérations membres de l'instance internationale. «Vous pouvez imaginer quelle sorte de pression un candidat à l'organisation peut exercer sur une personne qui dispose d'un vote. Une Coupe du monde peut rapporter de 7,4 à 15 milliards d'euros à un pays», a-t-il glissé. Pour ce qui est de la désignation en elle même, quelles sont les chances des différents candidats? Les rapports techniques d'évaluation diffusés récemment par la Fifa ont permis de détacher des favoris. Pour 2018, l'Angleterre et le ticket Espagne-Portugal sont devant. Le récent titre de champions du monde de la Roja et l'engouement autour du foot en Espagne et au Portugal sont des atouts pour le ticket ibérique. Pas les craintes actuelles de contagion des difficultés budgétaires de la Grèce et de l'Irlande à d'autres pays tels que... le Portugal et l'Espagne. L'Angleterre, autre pays où le football est roi, avec un championnat qui attire les vedettes et rayonne sur les écrans télévisés de la planète, fait figure d'archi favori. La campagne du Sunday Times sera-t-elle un handicap ou au contraire un atout dans ce dossier? Pour 2022, il est plus difficile de discerner les gagnants potentiels. Au départ, le Qatar et sa puissance financière semblait bien parti. Mais les superviseurs techniques de la Fifa ont pointé une série de handicaps majeurs: le pays est petit et l'affluence, pour un pays aussi lointain, risque d'être bien maigre. Qui peut alors décrocher le gros lot? Le match pourrait finalement se résumer à un duel entre Etats-Unis, qui ont déjà organisé la «World Cup» en 1994, et le Japon, qui a accueilli l'édition reine (à l'époque en duo avec la Corée du Sud) en 2002.