Air du temps, «Quima igoulou» est conjugué à tous les temps, mis à toutes les sauces, même les «intellos» en abusent. «Comme il a dit lui» a fait des émules. A la longue, cette locution chère à Cheb Khaled, a pris un autre chemin, une autre tournure, un autre accent, se transformant en un «quima igoulou» imposant et redondant. En tête du hit-parade des onomatopées en vogue, comme un refrain, «quima igoulou» revient dans toutes les discussions, pimente l'ensemble des conversations et sert, souvent, de passerelle pour éluder certaines questions. Conjugué à tous les temps, mélangé à toutes les sauces «quina igoulou» est dans l'air du temps. Grands ou petits, hommes ou femmes, personne ne peut résister à son charme. Partout où il passe il laisse des traces. «Quima igoulou» est omniprésent. Même dans les coins les plus reculés on prononce, souvent, son nom. «Quima igoulou» a fini par devenir un tic, une expression culte qui, telle une frénésie, s'est emparée de toute la société. Ses meilleurs adeptes sont, curieusement, les athlètes. Dès qu'on les entend, on sent qu'ils en sont friands. Pour eux, «Quima igoulou» est un palliatif, mieux, un fidèle compagnon qui vient à leur secours au premier appel, à la première alerte. Telle une drogue, «quima igoulou» a une emprise et agit sur les athlètes en servant de régulateur à leurs propos ou leurs discours. Certains ont sont tellement dépendants qu'ils n'osent pas prononcer un seul mot sans évoquer «quima igoulou». Un athlète, international de surcroît, devant des millions de téléspectateurs, a défrayé la chronique, il y a quelques mois, en les gavant de «quima igoulou» qu'il a prononcés une vingtaine de fois. Le record est détenu, cependant, par un autre athlète, qui, l'espace d'un très bref entretien, s'est laissé emporter en répétant, «quima igoulou» une trentaine de fois! «Quima igoulou» par-ci, «quima igoulou», par là, on a l'impression que «le jargon sportif» s'est rétréci comme peau de chagrin, et qu'il ne comporte plus que «quima igoulou» en son sein. Comme codifié, le langage des athlètes en est fortement influencé. Les intellos? eux, également, en sont parfois prisonniers, et n'hésitent pas, une seconde, à recourir au redondant «quima igoulou» qui pour tenter d'expliquer une contre-performance, qui pour vanter un exploit. Signe des temps, les athlètes passent, «quima igoulou» plus de temps à parler qu'à se consacrer entièrement à leur métier. «Quima igoulou» n'est cette fois-ci, pas mis en cause, mais l'indélicatesse de nombre de dirigeants se disant sportifs, qui par leur comportement antisportif, portent atteinte à l'éthique et au fair-play. La preuve, il ne se passe pas un jour sans que l'on étale sur la place publique les propos acerbes d'un tel ou les manquements à la morale et la discipline de tel autre, comme si cela intéressait les gens et pouvait les conditionner. L'absence de retenue et le manque de vision conduisent certains à des écarts de langage qui relèvent de la diffamation. Après une rencontre perdue ou ratée, ces fauteurs de troubles comme aiment à les appeler certains, s'en prennent souvent à l'arbitre qu'ils n'hésitent pas à traiter de tous les noms, oubliant qu'ils sont liés par un serment et qu'ils se doivent de donner l'exemple aussi bien dans leur comportement que dans leurs propos. Le fair-play est laissé aux vestiaires et l'éthique est souvent foulée aux pieds, la recherche du résultat par n'importe quel moyen étant plus forte. Cette culture du résultat immédiat est devenue, hélas, la préoccupation de la plupart des équipes, qu'elles soient de Ligue 1 ou de divisions inférieures, qui ont tourné le dos à la formation et au travail à long terme. Un crime quand on sait toutes les sommes colossales investies pour des résultats, souvent, médiocres à la fin. Combien de clubs, qui ont investi, parfois, beaucoup de milliards, se sont retrouvés en bas du classement et ont été carrément relégués? Le mal s'est, «quima igoulou», propagé partout au grand dam des puristes et des empiriques. La dualité entre les partisans des deux doctrines n'a jamais cessé, au contraire, elle s'est encore accentuée et nul ne sait quand elle s'arrêtera. Peut-être qu'avec le professionnalisme, les mentalités vont changer, que le bon finira par triompher. Beaucoup comptent profiter des avantages qu'offre la nouvelle loi pour corriger les insuffisances et élaborer un véritable plan de relance où la formation et la détection occuperont une bonne place. L'Etat s'est dit prêt à mettre la main à la poche, en dotant les clubs de l'élite de structures d'accompagnement et d'argent. C'est à ces derniers de faire le reste, c'est-à-dire qu'ils doivent procéder à un véritable toilettage en se débarrassant des parasites et des profiteurs de tous bords qui nuisent au développement du sport et salissent sa réputation. «Quima igoulou», on ne peut pas construire du neuf avec du vieux, seuls les plus compétents et les plus dévoués doivent rester, les autres, ils se reconnaîtront, ont intérêt à partir pour le bien de tout le monde. Les nouveaux patrons apportent avec eux leur argent, mais aussi leur savoir et leur connaissance des affaires. Certains ont déjà mis en chantier d'ambitieux projets pour tenter d'extirper le sport des démons de la tentation et de la violence. Ils ont commencé par faire le ménage avant de faire connaître leurs programmes quant aux tâches futures qu'attendent leurs clubs et les moyens pour les concrétiser. «Quima igoulou», il n'est jamais trop tard pour bien faire, l'essentiel c'est d'y croire, d'y croire profondément, d'y croire totalement.