Les locataires ont créé une association pour s'occuper de la pose de la clôture et de la réparation des ascenseurs. Censée être un exemple en matière de gestion des immeubles collectifs, la formule dite Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (Aadl) montre chaque jour que Dieu fait ses limites. La gestion laisse à désirer au point de s'interroger où va l'argent des bénéficiaires. Que l'on en juge! Des ascenseurs en panne depuis des mois, des femmes de ménage qui ne pointent dans les blocs que très rarement pour faire le ménage à moitié, des fuites d'eau qui s'éternisent, autant d'insuffisances qui ne semblent pas émouvoir les gestionnaires de la cité. L'exemple du bloc B2 de la cité Pépinière (82 logements) à Béjaïa est, à ce titre, assez illustratif en matière d'abandon. Le mot n'est pas assez fort. Lehna, l'association des locataires, n'a pas manqué de réagir aux pannes successives qui affectent les ascenseurs. L'appareil du bloc B2 a été déjà immobilisé plus de huit longs mois. Sa réparation n'est intervenue qu'après une démarche auprès de la direction générale de l'Aadl à Alger. Ceux des autres blocs ne sont pas en reste. Tous les ascenseurs ont été affectés par des pannes et le drame est que leur prise en charge ne se fait qu'après moult «pilonnages». L'absence d'entretien systématique assurant un usage plus régulier est une réalité. Les ascenseurs ne sont qu'un exemple qui illustre tous les désagréments que subissent de plein fouet les résidents. Celui du bloc B2 fait des siennes encore. Et les bénéficiaires des appartements de ce bloc ne savent plus à quel saint de vouer. Eux, qui honorent leurs engagements chaque mois, ne voient rien venir en face. Aujourd'hui, ils s'estiment en droit de crier haut et fort leur désarroi. «Chaque mois, nous versons, outre le remboursement des crédits, une sommes de plus de 2 200 dinars par résident, représentants les frais des charges comme stipulé dans le contrat de location-vente. Après quelques années d'occupation, nous nous sommes rendu compte que seuls les locataires acquéreurs respectent les termes du contrat. «L'Aadl en fait fi», expliquait hier un locataire désabusé ajoutant que «si nous avons accepté nos logements sans espaces verts et sans parking, il reste que les manquements liés à l'entretien, le nettoiement et le gardiennage prévus dans le cahier des charges sont intolérables». Organisés en association, les locataires acquéreurs tentent de sauver «l'imeuble». «Tout ce que vous voyez de bien ici est l'oeuvre de l'association. L'organisme gestionnaire n'a rien apporté et s'oppose souvent à nos initiatives», rapporte un adhérent citant de «nombreuses plaintes contre les locataires qui ont osé défier les interdits de l'Aadl pour protéger leurs habitations des pluies». Ce n'est là qu'un exemple parmi tant d'autres. La cité ouverte est en retrait, n'a pu être sécurisée, qu'en partie d'ailleurs, que grâce à l'association. Et là encore, il a fallu ferrailler non pas avec la commune mais avec l'organisme de gestion. Cette cité, première livraison, a été le théâtre de vols, d'actes de vandalisme et d'agressions. Le bloc B2 est devenu le lieu de rendez-vous des couples. Si les autres blocs sont depuis quelque temps épargnés par ce phénomène parce que bénéficiant d'une clôture, ce n'est pas le cas du bloc B2 qui attend toujours la pose de clôture. Celle-ci sera à la charge de l'association, que cela soit dit en passant. Avant-hier, les bénéficiaires de la cité Sidi Ahmed (175 unités), relogés récemment, sont montés au créneau. Ils n'ont même pas eu le temps de goûter au plaisir de bénéficier d'un logement neuf qu'ils font déjà face à des handicaps qui leur pourrissent la vie. Un peu partout dans les cités livrées dans le cadre de l'unique programme pour Béjaïa datant de 2002, des problèmes surgissent et sont généralement liés à la gestion. Une gestion décriée présentement. Les bénéficiaires de la cité Sid Ali Labhar, non encore livrée, savent désormais ce qui les attend. Il est utile de rappeler que dans le cadre de la formule location-vente, la wilaya de Béjaïa a bénéficié d'un unique programme de 500 unités au cours de la même année du lancement de ce nouveau programmé destiné aux citoyens à moyens revenus. Huit ans après, une partie n'est pas encore livrée. Les quatre autres sites, dont deux livrés depuis quelques mois, vivent des situations peu enviables.