Faire abstraction du politique et se recentrer sur l'économique sont les solutions de l'Ipemed pour débloquer l'UPM. A l'Union pour la Méditerranée, les dirigeants européens y croient beaucoup. Des entraves existent encore. Elles sont surtout d'ordre politique. Mais elles peuvent être surmontées. Pour cela, l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) préconise le recentrage du processus euro-méditerannéen sur les projets économiques. «Nous avons conscience des tensions politiques, mais nous savons aussi que la Méditerranée peut être un carrefour d'échanges intenses entre ses deux rives. C'est pourquoi nous sommes plus que jamais persuadés, que c'est aux acteurs économiques de prendre le taureau par les cornes», indique Jean-Louis Guigou, délégué général d'Ipemed dans un éditorial publié dans la 15e lettre éditée par cet organisme, il y a quelques jours. Tout en confessant que le énième report du sommet de l'UPM est «une très mauvaise nouvelle», M.Guigou insiste sur l'importance du rôle que doivent jouer les acteurs économiques de la région pour relancer le processus. «Ce sont eux qui doivent se mobiliser pour rapprocher le nord et le sud de la Méditerranée par le biais de projets structurants, pourvoyeurs d'emplois et basés sur le partage de la valeur ajoutée», souligne-t-il. Une approche que l'ambassadeur et chef de la délégation de l'Union européenne auprès du Royaume du Maroc, Eneko Landaburu partage. Dans un entretien publié sur le site de l'Ipemed, ce responsable, qui était peu enthousiaste quant à ce projet, il y a quelques années, précise qu'il ne faudrait certainement pas «tout remettre en cause!», même si le constat d'échec est évident. «L'UPM veut favoriser la mise en oeuvre de projets économiques régionaux structurants», affirme-t-il. L'énergie solaire, la dépollution de la Méditerranée ou les transports, sont autant de domaines dans lesquels, une coopération euro-méditerranéenne serait hautement bénéfique. «L'une des raisons de l'échec du processus de Barcelone et de l'UPM, c'est que l'on a, d'un côté une Europe forte, qui existe déjà et qui est intégrée, et de l'autre côté, on n'a aucune intégration puisque la triste réalité du Sud, c'est que les flux d'affaires entre les pays sont très faibles», explique l'interviewé. Là encore, faire preuve de pragmatisme s'avère indispensable vu la difficulté de concrétiser une vaste intégration régionale au sud et à l'est de la Méditerranée. «La seule possibilité, c'est le Maghreb», lance Eneko Landaburu. Optimiste, il affirme que les problèmes entre Alger et Rabat pourront être solutionnés. «Bien sûr, cela ne se fera pas en un jour, mais je note, par exemple, que les agents économiques des deux pays ont envie de faire des choses ensemble», fait-il remarquer. Et de continuer: «Lorsque le blocage de l'intégration maghrébine sera levé, cela créera une dynamique importante et ouvrira des perspectives politiques pour la région». Il est nécessaire, aujourd'hui, selon M.Landaburu de «réduire la voilure du projet initial». «Laissons de côté les objectifs politiques et recentrons l'UPM autour des projets économiques», recommande-t-il. Les conflits politiques ne peuvent être solutionnés dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée. Bien que cette affirmation soit surannée, peu nombreux sont les gouvernements partenaires de ce processus qui le reconnaissent. «Permettons aux acteurs économiques de mieux travailler ensemble et de bénéficier d'un environnement juridique qui favorise les investissements et le commerce. En redimensionnant l'UPM, on l'ancrera dans l'économique», poursuit-il. En visite en Algérie, il y a plus d'un mois, Noëlle Lenoir, ancienne ministre déléguée aux Affaires étrangères, a tenu le même discours concernant le projet euro-méditerranéen lors d'une conférence organisée par l'ambassade de France au Centre culturel français d'Alger. «Il faut transcender les problèmes politiques qui sont différents et qui ne doivent pas être réglés dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée», avait-elle précisé.