Cette nouvelle rencontre informelle a été annoncée par le chef de la diplomatie marocaine qui a aussi évoqué la fermeture des frontières terrestres entre son pays et l'Algérie. Rabat annonce d'ores et déjà la couleur: l'option du référendum qui permettrait au peuple sahraoui de se prononcer librement quant à son avenir est «inapplicable»! «La solution politique escomptée, faisant remarquer que toutes les parties sont appelées à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité et à ne plus demeurer prisonnières de plans dépassés, y compris le choix d'un référendum inapplicable» a déclaré, vendredi, Taïeb Fassi Fihri devant la commission des affaires étrangères, des frontières, des zones occupées et de la défense nationale à la Chambre des conseillers. Le ministre marocain des Affaires étrangères venait tout juste d'annoncer que la quatrième réunion informelle sur le Sahara occidental se tiendrait les 16, 17 et 18 décembre prochains dans la banlieue de New York. La délégation marocaine se rendra à ce rendez-vous pour la forme, selon toute vraisemblance si l'on se réfère aux confidences du chef de la diplomatie marocaine. «Les négociations n'ont enregistré aucun progrès concret, si l'on exclut l'accord de tenir une nouvelle rencontre,» a-t-il fait remarquer à propos des précédents pourparlers. Pourquoi en serait-il autrement cette fois-ci? Le Makhzen est encore sous le «choc» des réactions indignées de la communauté internationale qui ont condamné l'assaut mené par les forces d'occupation marocaines contre les 20.000 Sahraouis du camp de Gdeim Izik. La paranoïa du gouvernement marocain s'est visiblement exacerbée depuis les dramatiques événements d'El Aâyoune qui ont cloué au pilori la diplomatie du Royaume chérifien et dévoilé au grand jour la sauvagerie et la férocité de la répression exercée contre les militants des droits de l'homme dans les territoires occupés. «Près de 140 détenus subissent toujours les formes les plus ignobles de torture et sont victimes de violations dans les geôles marocaines, outre les femmes sahraouies violées par les éléments des forces marocaines et les milliers de Sahraouis contraints à l'exode», ont témoigné vendredi à Alger des militants sahraouis qui ont assisté à l'assaut sanglant donné le 8 novembre par les forces armées marocaines, contre le camp de toile de Gdeim Izik (camp de la liberté). Amnesty International, qui s'est montrée très inquiète quant à la détérioration de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental, a pressé l'Organisation des Nations unies pour doter la Minurso, Mission des nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, d'un mécanisme de surveillance des droits humains. «La situation des droits humains au Sahara occidental ne peut s'améliorer que si la mission de l'ONU dans cette région introduit à son mandat, la surveillance des droits de l'homme», a déclaré à la presse, vendredi à Madrid, Esteban Beltran, le directeur de l'ONG internationale lors d'une cérémonie organisée à l'occasion de la Journée mondiale des droits de l'homme. L'étau se resserre sur le pouvoir marocain, notamment en ce qui concerne les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés. Le ministre marocain des Affaires étrangères tente une porte de sortie. Quoi de plus facile de faire un amalgame entre la fermeture des frontières terrestres algéro-marocaines et le conflit du Sahara occidental qu'il n'hésite pas à qualifier d'artificiel. «Le conflit artificiel autour des provinces du sud du Royaume depuis plus de trois décennies continue à influer négativement sur l'avenir de la région...Le Maroc note à nouveau et avec profond regret la poursuite de la fermeture, depuis plus de 16 ans, des frontières terrestres par les autorités algériennes», a déclaré Taïeb Fassi Fihri qui laisse ouvertes les portes du dialogue. Ce qui ne peut en aucun cas occulter la cause du peuple sahraoui qui aspire à se prononcer librement quant à son indépendance. Le Front Polisario aura à coeur de le rappeler le 16 décembre, les yeux dans les yeux à, Taïeb Fassi Fihri.