Les autorités marocaines souhaitent aussi la reprise du dialogue pour normaliser les relations bilatérales entre les deux pays. C'est à partir de la tribune des Nations unies à New York où se déroulent les travaux de la 64e session de l'Assemblée générale de l'ONU que le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïb Fassi Fihri, a choisi de réitérer l'appel du pied du Maroc au sujet des frontières terrestres algéro-marocaines. Les autorités marocaines souhaitent ainsi la réouverture de la frontière avec l'Algérie, fermée depuis 1994 ainsi que la reprise du dialogue pour normaliser les relations bilatérales entre les deux pays. Elles attendent de leurs homologues algériens qu'ils dépassent la question du dossier du Sahara occidental, pour examiner leur requête. Dans ce contexte, le chef de la diplomatie marocaine, dans une déclaration à la chaîne qatarie, Al Jazeera, accuse l'Algérie de faire obstacle à l'édification de l'UMA (Union du Maghreb). Le chef de la diplomatie marocain estime que la construction de l'UMA nécessite la mise de côté des difficultés objectives qui entravent, selon lui, l'UMA depuis des décades. Les difficultés sont liées à des questions politiques. M.Fassi Fihri fabule d'autant plus que le blocage de l'UMA est du seul fait du Royaume chérifien. Pour preuve, le roi Mohammed VI n'a assisté à aucun des sommets de cette institution, condamnée ainsi à tourner à vide. Pour ce qui est de la «marocanité» du Sahara occidental, c'est, semble-t-il, le fond du problème et seul le peuple sahraoui peut répondre à cette question dans un référendum, loyal et transparent. Le Maroc met ainsi la charrue avant les boeufs. Jusqu'à preuve du contraire, le Sahara marocain n'existe pas et l'autodétermination du peuple sahraoui, et lui seul, déterminera ce fait. Rabat n'a pas à «octroyer» «d'autonomie» à un territoire que les Nations unies considèrent, à ce jour, comme territoire occupé. Le ministre marocain a également évoqué les problèmes sécuritaires qui se poseraient, selon lui, à la région, non pas du fait de groupes terroristes, mais du fait du Front Polisario, mouvement de libération reconnu par les Nations unies. Cette méthode, mettant en exergue le sécuritaire, est ainsi une carte utilisée depuis peu par le Maroc pour convaincre la communauté internationale que le Polisario représente une menace pour l'instabilité de la région. Récemment, le représentant du Maroc au forum des Nations unies, Omar Hilal a accusé l'Algérie de financer les organisations séparatistes dont les membres ont des accointances avec Al Qaîda. Le ministre marocain passe pour ainsi dire du coq à l'âne, accusant l'Algérie de tous les maux survenant au Maghreb et appelant dans le même temps Alger à la normalisation des relations entre les deux pays à travers l'engagement d'un processus de dialogue qui devrait aboutir, selon lui, à l'ouverture des frontières terrestres dont la fermeture «incombe aux autorités algériennes», ne manque-t-il pas de souligner, omettant de rappeler les raisons de la fermeture de ces frontières. La frontière terrestre entre les deux pays a été fermée en 1994 à la suite d'un attentat terroriste commis dans un hôtel à Marrakech, dont Rabat en avait attribué la responsabilité aux services secrets algériens. Le Maroc avait alors décidé d'imposer des visas d'entrée aux ressortissants algériens. En réciproque, l'Algérie décida de fermer la frontière entre les deux pays. En 2005, le Maroc a certes annulé sa mesure concernant les visas, alors que le contentieux entre les deux pays demeurait entier. Le Maroc semble prendre ses décisions unilatérales comme s'imposant à tous. Le fait est que la frontière ouest de l'Algérie n'est pas près d'être rouverte.