Il y a cinquante ans, en pleine guerre de Libération nationale, l'ONU adopte une résolution portant sur le droit des peuples colonisés à l'autodétermination. «L'adoption de la résolution 1573 par l'Assemblée générale des Nations Unies, a marqué un tournant dans l'histoire des Nations unies», a déclaré le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, lors d'un débat sur la Chaîne III de la Radio nationale. Une nouvelle approche des relations internationales, induisant la sortie du contexte de vainqueurs-vaincus de la Seconde Guerre mondiale, a ainsi été mise en branle. La résolution onusienne survient alors que l'Algérie est chargée par les Nations unies de l'organisation de la conférence, le 13 et 14 décembre, célébrant le 50e anniversaire de l'adoption par l'Assemblée générale de l'ONU, le 14 décembre 1960, de la résolution 1514 (XV), portant sur le droit à l'autodétermination et à l'indépendance des peuples colonisés. «Si l'Algérie a été choisie par l'Organisation des Nations unies pour organiser cette rencontre, c'est en premier lieu à cause du rôle important qu'a joué notre pays dans l'élaboration de la résolution 1514, ainsi que la symbolique reconnue de notre guerre d'indépendance», a expliqué M.Messahel. Les manifestations du 11 Décembre 1960, réprimées dans le sang par les forces d'occupation françaises, ont fait des centaines de victimes parmi la population algérienne, dont des dizaines d'enfants. Au plan international, ces manifestations ont constitué un tournant et démenti formellement les allégations de la France, confortant la position de l'Algérie au niveau des organisations internationales. En effet, quelques jours après ces évènements, l'Assemblée générale de l'ONU adoptait une résolution reconnaissant le droit du peuple algérien à l'autodétermination et à l'indépendance. «L'Algérie soutient, depuis son indépendance, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes», a rappelé le ministre. Ce principe est l'un des fondements de l'Algérie qui l'a mis en avant depuis son indépendance, en particulier pour ce qui est des derniers territoires africains encore occupés, à l'instar du Sahara occidental. «Aussi les principes de la résolution 1514, qui fait l'objet de la manifestation annoncée, sont toujours d'actualité.» Aussi, indique-t-il: «La déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples colonisés adoptée par la résolution 1514 (XV) a servi de base juridique à l'autodétermination et facilité l'adhésion de nombreux Etats nouvellement indépendants à l'ONU.» Concernant l'application de cette résolution sur le conflit du Sahara occidental, M.Messahel a déclaré qu'«il est de la responsabilité de l'ONU ainsi que de la communauté internationale, d'user de tous les moyens pour que le principe, non négociable, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, soit appliqué et respecté par la puissance coloniale». Il y a un consensus général, sur le fait qu'il n'y aura pas d'autre solution que l'autodétermination du peuple sahraoui. M.Messahel a, de ce fait, rappelé que l'Algérie n'était pas partie du conflit, mais qu'elle jouait, tout comme la Mauritanie, un rôle d'observateur. Pour ce qui est du conflit palestinien, le ministre a expliqué qu'il n'y avait plus qu'une seule solution. Celle-ci réside dans des convergences, à savoir l'urgence d'une paix intérieure entre les dirigeants des partis et mouvements palestiniens, l'appui du monde arabe à la réalisation du peuple palestinien de son droit, enfin, le ralliement de la communauté internationale à cette cause. «Si ces convergences ne sont pas réalisées, le statu quo risque de durer encore longtemps», a indiqué M.Messahel. En abordant la question soudanaise, le ministre a déclaré, que l'acte le plus dangereux serait la non-application des accords de Niviasha, «Si les accords sont bien appliqués, il n'y a pas de raison pour s'inquiéter du sort du Soudan», a-t-il souligné. L'autre point important, discuté par le ministre, concernait l'idée de la nécessité de moderniser le système de l'ONU, le droit de veto, le Conseil de sécurité et le nombre des membres permanents, l'Assemblée générale...«Le monde n'est plus ce qu'il était (cf; à l'époque de la création de l'ONU en 1945), et une gouvernance mondiale s'impose, le système sera remis en cause. Nous devons nous réorganiser», a ajouté le ministre. Le rapport de force a changé, et l'Afrique doit avoir un rôle à jouer dans ce regroupement mondial. Aussi, M.Messahel a insisté sur la nécessité d'assurer la sécurité de l'Afrique, comme il condamne les ingérences étrangères dans les affaires du continent. Il faisait allusion aux évènements du Sahel, et à la montée du terrorisme dans la partie subsaharienne. Le plus important est de trouver les moyens de combattre ce fléau, affirme encore le ministre ajoutant que l'Afrique doit avoir une «une stratégie (...) pour l'éradication du terrorisme».