Matoub Lounès, Tafat n wurghu, c'est le titre d'un nouveau livre sur le poète et artiste Matoub Lounès qui sera publié le 24 janvier 2011 par les éditions Mehdi de Tizi Ouzou, à l'occasion du 55e anniversaire de la naissance du Rebelle. L'auteur de ce livre n'est autre que l'universitaire Rachida Fitas, qui a déjà publié un livre sur le même sujet, il y a cinq ans, en collaboration avec Youcef Merahi, Hamid Bilek et Abdennour Saïd El Hadj. Il s'agira du plus volumineux ouvrage publié jusque-là sur le chanteur kabyle assassiné par un groupe armé le 25 juin 1998 à Tala Bounane sur la route d'Ath Douala, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Selon l'auteur, Rachida Fitas, qui prépare aussi une thèse de magister sur Matoub au département de langue et culture amazighes de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, son livre contient 145 poèmes de Matoub dans les deux versions, kabyle et française. En plus de cela, le livre offre une longue analyse de la poésie du Rebelle d'une richesse lexicale et métaphorique, ainsi que thématique inédite dans les anales de la poésie berbère. C'est pour mettre en lumière tous les aspects spécifiques de la poésie de Matoub que Rachida Fitas publie ce livre. Dans cet ouvrage, le lecteur pourra ainsi revisiter la diversité thématique des textes de Matoub Lounès que le romancier Ali Malek résume en «les déboires amoureux, la difficile relation avec les parents, les déceptions de l'amitié, l'inaccessibilité de la femme aimée», sans oublier les thèmes inhérents au combat identitaire, à l'injustice, à la dictature du parti unique, à l'imposture des Kabyles de service, etc. Le livre de Rachida Fitas vient ainsi enrichir la bibliographie autour de l'homme le plus subversif dont l'histoire de la Kabylie a pu retenir le nom et de l'un des plus grands artistes et la figure de l'un de ses messagers les plus efficaces, pour reprendre un extrait d'un texte de l'écrivain Yalla Seddiki, auteur du livre Matoub Lounès: Mon nom est combat. Ce dernier rappelle que l'importance de Matoub Lounès n'est le produit d'aucune conjuration médiatique ou mercantile, car il suffit de rappeler qu'entre la période où il a sorti son premier disque en 1978 et 1989, aucun journal algérien n'a parlé de lui et aucune radio n'a passé ses chants alors qu'il était devenu l'un des artistes kabyles les plus respectés. «Il faut davantage et d'abord chercher la légitimité de Lounès Matoub dans une oeuvre qui s'est imposée comme unique quand tout conspirait à en rendre la manifestation impossible.» Le même chercheur en poésie ajoutera au sujet de Matoub Lounès: «On constatera avec étonnement que, si l'érudition de Lounès Matoub est moins éclatante que celle des universitaires kabyles qui l'ont méprisé, son esprit critique est plus aiguisé que le leur, comme le démontre le regard désabusé qu'il portera sur toutes les illusions qu'ils auront vénérées.» Le chanteur et poète Matoub Lounès est celui sur lequel le plus grand nombre de livres a été écrit. Depuis la parution de son propre livre Rebelle aux éditions Stock de Paris, en 1995 (ouvrage écrit par Matoub Lounès en collaboration avec la journaliste française Véronique Tavaux), des livres sont publiés régulièrement, soit sur sa poésie soit sur sa vie. Parmi les livres écrits sur le Rebelle, on peut citer: Matoub, mon frère de Malika Matoub (en collaboration avec Nourdine Saâdi), Pour l'amour d'un Rebelle de Nadia Matoub, Le Testament et Le Barde flingué» de Abderrahmane Lounès, Le résistant de Mohamed Gaya (en tamazight), Mon nom est combat de Yalla Saddiki, Ayizem anda teddid de Rachid Mokhtari et L'assoiffé d'Azur de Smaïl Grim. En plus des écrivains, Matoub Lounès inspire aussi les cinéastes puisque le réalisateur Bachir Deraïs est actuellement en train d'écrire un scénario pour la réalisation d'un long métrage sur le parcours du patriote de toutes les patries opprimées.