La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a exposé, durant plus d'une heure, son plan d'action pour l'année 2011, indiquant que 2010 a été très bénéfique pour l'Algérie en matière de manifestations culturelles. Ainsi, la ministre a déclaré, lors de son passage à la Radio Chaîne III, que le budget de fonctionnement de son secteur est passé de 0,01% en 2000 à 0,72% du budget de l'Etat, considérant que malgré une avancée considérable dans le financement des activités de son secteur, le ministère de la Culture n'a pas encore atteint son objectif de dépasser les 1% du budget de l'Etat, saluant au passage le soutien indéfectible du Président Bouteflika au secteur de la culture. Concernant les festivals, Mme Toumi a affirmé que l'Algérie possède, aujourd'hui, environ 150 festivals institutionnalisés contre trois festivals il y a tout juste cinq ans. Aussi, la ministre a prôné une politique d'institutionnalisation des festivals, avouant, au passage, qu'elle a copié ce qui était le mieux dans ce qui se faisait en Europe, tout en mettant l'accent sur la compétence nationale. Sur un autre plan, Mme Toumi s'est dite favorable à un service public de la culture, indiquant qu'il n'est pas donné à tout le monde d'aller voir un spectacle à 10.000 DA au Sheraton ou de payer un billet d'avion Alger-Paris pour aller assister à un spectacle en France. Concernant la qualité des spectacles fournis justement par ces festivals, la ministre a déclaré: «Il est hors de question de recruter des tourneurs de spectacles occidentaux, qui organisent des spectacles propres à Paris ou à Londres», allusion faite aux festivals de Marrakech et Dubaï, qui sont organisés par des Français et des Anglais. A la question de l'apport du privé dans le secteur de la culture, la ministre a déclaré que le secteur privé est jeune en Algérie et qu'il commence seulement à s'investir dans la culture, à l'image des éditeurs du livre qui dominent le secteur de l'édition. Mme Toumi a déclaré, en revanche, que le privé est totalement absent dans l'événementiel ou le sponsoring des grands festivals et manifestations culturelles. La ministre regrette aussi, que l'intelligentsia algérienne ne s'intéresse pas trop à la culture nationale, dénonçant au passage, l'absence de visite des cadres et intellectuels à l'exposition sur l'oeuvre d'Issiakhem au Mama, qui a tout de même coûté à l'Etat plus de 40 millions de DA. S'agissant de la loi sur le cinéma, Mme Toumi a déclaré: «Cela fait six ans que le ministère tente de placer cette loi, retardé par des forces qui ne souhaitaient pas que ce secteur soit régulé; aujourd'hui, nous avons gagné une bataille, nous espérons que les députés comprendront l'importance de cette loi pour l'avenir du pays.» Sur la question épineuse du statut de l'artiste, la ministre a révélé que le décret est étudié depuis 2005 et qu'il sera présenté incessamment par le Premier ministre devant le Parlement. La ministre a annoncé, à cette occasion, qu'un Conseil des arts et de la culture a été créé pour identifier les artistes et les faire déclarer auprès des services sociaux afin de bénéficier d'une aide sociale et surtout d'une retraite qui faisait défaut. Abordant la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», la ministre a déclaré, que la manifestation a été inscrite sous l'égide de l'Organisation islamique des sciences, de l'éducation et de la culture (Iseco). Durant toute l'année 2011,Tlemcen sera la capitale de la culture islamique et s'ouvrira, par le biais de sa population, de ses espaces, de sa culture et de son architecture à l'ensemble des invités du monde musulman. En données, chiffrées, la ministre expliquera que contrairement à Marseille, qui sera «capitale européenne de la culture 2013» et qui a bénéficié de 1,5 milliard d'euros dont 85% d'argent public, «Tlemcen capitale de la culture islamique 2011», n'est dotée pour le moment que d'un budget de 10 milliards de DA, soit 100 milliards de centimes. Cet argent servira à la restauration de 99 projets, au paiement de 23 bureaux d'études pour un an, l'implication de 50 entreprises de restauration et la construction de 10 nouveaux projets tels que la maison de la culture et de l'imamat, une salle de cinéma, une bibliothèque, un théâtre de verdure couvert, trois musées ainsi que l'organisation de manifestations culturelles conduites par son secteur et de manifestations culturelles pilotées par le ministère des Affaires religieuses. A cette occasion, la ministre de la Culture a annoncé la publication de 350 titres, la validation de 49 projets de cinéma, 19 pièces théâtrales, 13 colloques de haut niveau, 13 expositions et la déclinaison de 10 festivals institutionnalisés aux couleurs de Tlemcen 2011. Pour le chapitre participation, Mme Toumi a annoncé que plusieurs pays non musulmans, mais possédant une communauté musulmane très importante, participeront à «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011», c'est le cas notamment de la Chine, l'Inde, le Portugal, l'Italie et l'Espagne. Le coup d'envoi de la manifestation est prévu pour le 15 février, alors que le lancement officiel sera donné par le président de la République, le 16 avril. Enfin, interrogée sur la situation sécuritaire, la ministre a indiqué que la situation s'est largement améliorée depuis 2000, et sous l'émotion, elle a déclaré qu'elle n'oubliera jamais la tragédie nationale qui a marqué à jamais l'Algérie.