Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), qui veut identifier et juger les assassins de Rafic Hariri tué en 2005 dans un attentat à Beyrouth, a annoncé qu'un acte d'accusation, au contenu confidentiel, serait déposé «très, très bientôt». Gouvernement paralysé, citoyens inquiets, projets gelés: le Liban vit au rythme des informations - et des rumeurs - concernant la prochaine publication de l'acte d'accusation du tribunal de l'ONU en charge de l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri. Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), qui veut identifier et juger les assassins de l'ancien Premier ministre libanais tué en 2005 dans un attentat à Beyrouth, a annoncé qu'un acte d'accusation, au contenu confidentiel, serait déposé «très, très bientôt». Le Hezbollah chiite, le plus puissant parti politique au Liban, s'attend à faire partie des accusés, mais estime que le TSL est «à la solde d'Israël» et s'est basé sur les déclarations de «faux témoins». Le mouvement a mis en garde contre toute tentative d'arrestation de ses membres, faisant craindre une instabilité dans le petit pays méditerranéen multiconfessionnel. «Ma fille et son mari à Dubaï ne viendront pas à Noël. Ils ont un bébé et ils ont peur qu'il y ait des tensions et que la route de l'aéroport ferme», déplore Robert Faytrouni, un chrétien de 55 ans. Du côté politique, «c'est la paralysie totale au sein des institutions de l'Etat, et notamment du gouvernement qui est incapable de prendre la moindre décision», affirme Sami Salhab, professeur de droit international à l'université libanaise. Le Hezbollah participe au gouvernement d'union du Premier ministre Saâd Hariri, fils de Rafic, mais le bras de fer qui oppose les deux camps au sujet du TSL bloque le travail du Conseil des ministres, qui ne s'est réuni qu'une seule fois depuis plus d'un mois, alors qu'il a 300 dossiers à l'ordre du jour. «Le gouvernement n'arrive pas à nommer un seul fonctionnaire. Il n'est pas permis que le pays s'arrête comme cela», estime M.Salhab. L'Exécutif doit ainsi nommer un successeur au gouverneur de la Banque centrale ou encore au directeur général de la Sûreté générale, à la retraite depuis deux semaines. Il doit aussi décider de la «location de bateaux pour la génération d'électricité comme solution provisoire au problème de pénuries et renouveler des contrats urgents comme celui de la compagnie Sukleen» chargée de collecter les déchets à Beyrouth, rappelle la ministre d'Etat Mona Ofeich. «L'Etat n'a toujours pas compensé les sinistrés de la tempête qui s'est abattue récemment sur le Liban: des maisons ont été emportées par les inondations, des pêcheurs ont perdu leurs barques et risquent de mourir de faim», dit cette ministre proche du président de la République Michel Sleimane, qui se tient à égale distance entre les deux camps. Des promoteurs immobiliers ont déclaré que les projets à Beyrouth, transformé en un énorme chantier depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), avaient ralenti ces derniers mois. Des institutions financières, comme l'agence de notation Standard & Poor's, ont récemment signalé le ralentissement des réformes structurelles promises par le gouvernement, et se sont inquiétées des retombées des tensions sur la croissance, remarquable ces dernières années (9% en 2009, selon le FMI). Dans la rue, le ras-le-bol est palpable. «Tout est gelé car le pouvoir d'achat est en baisse. Je n'ai plus d'espoir dans mon pays», assure Jean Khachane, propriétaire d'un établissement de produits alimentaires.