Il a été honoré hier à l'hôtel Sheraton d'Oran par Ibhrahim Abou Dekra, président du conseil d'administration des producteurs audiovisuels arabes. Un prix d'honneur octroyé pour le Festival du film arabe qui, a-t-on affirmé, «se distingue par sa qualité de festival qui fait la promotion de l'identité arabe en exclusivité, contrairement aux autres festivals dans le monde qui mettent le cinéma arabe dans une section à part. C'est un festival qui porte en lui cette spécificité tout en veillant à la préservation de la culture des pays arabes dans un sens d'échange et de partage», a souligné l'orateur, M.Abou Dekra. Cette récompense est la seconde après celle de Hamraoui Habib Chawki, lequel a été honoré l'an dernier en tant qu'homme des médias à la valeur sûre. Aux côtés de M.Orif, la directrice artistique de la section long métrage et membre actif au sein du Fifao, Mme Nabila Rezaïg a également été honorée. Une pause, le temps de sonder les tenants et aboutissants de ce festival en compagnie de son commissaire. L'Expression: M. Orif, vous êtes le nouveau commissaire du Festival international du film, un mot sur cette nouvelle édition qui, nous semble-t-il, a changé de configuration. Mustapha Orif: Il n'y a pas réellement une nouvelle démarche, il y a un festival qui a connu trois éditions, celle-ci nous donne l'occasion de réaffirmer la continuité de ce festival qui commence à être connu. Le monde du cinéma commence à comprendre qu'il y a un festival à Oran qui s'intéresse plus spécifiquement au cinéma arabe et que c'est une opportunité pour les cinéastes arabes de montrer leur travail et les producteurs, bien sûr. C'est en même temps une édition qui nous permet de réfléchir à ce que j'appellerai un nouveau format. Evidement, les grandes lignes de ce nouveau format n'ont pas été arrêtées. Elles l'ont été par le ministère de la Culture qui est à l'origine de ce festival, c'est lui qui valide les orientations, donc l'idée c'est un peu réfléchir à ce festival et faire en sorte qu'il soit une vitrine du cinéma, ce que j'appelle des cinémas arabes, car il y a plusieurs formes d'expression dans le monde. Il s'agit de montrer ces diversités. On est en train de voir quelle est la formule la plus adéquate. Pourquoi avoir donné carte blanche au cinéma du Golfe? C'est un choix, car on voulait montrer ce cinéma qu'on n'a pas eu l'occasion de montrer lors des précédentes éditions. Je trouve que c'est un choix judicieux, cela nous permet de montrer qu'il y a dans ces pays-là de plus en plus de productions, donc plus de créativité, cela se voit dans le domaine des arts plastiques, avec les musées, les foires d'art, les différents événements qui ont eu lieu dans ces pays-là, c'est important pour nous de montrer, dans le domaine du cinéma, qu'il y a quelque chose qui se faisait. N'est-il pas trop d'endosser une double casquette, celle de directeur de l'Aarc, celle de commissaire du Festival du film arabe et producteur exécutif de film et, en tant que commissaire. Comment vivez-vous ce statut? Oh oui! C'est un surcroît de travail, mais en fait l'agence a été créée pour développer, à la fois la production de la culture algérienne à l'étranger et accueillir les cultures du monde. Là, dans ce festival, c'est ce que nous faisons. Nous montrons la culture cinématographique du monde arabe. Cette année, nous avons constaté la faible participation égyptienne. Est-ce un choix calculé? Voulu? Non, pas du tout, c'est une conjoncture. Nous avons invité beaucoup de cinéastes et des personnalités artistiques qui ont répondu, d'autres pas. On fait avec, nous sommes en train de traverser une situation très particulière avec l'Egypte, il faut la prendre telle quelle, à savoir que c'est un pays avec lequel nous avons des relations anciennes, très proches, il n'y a aucune raison de se focaliser là-dessus. Je pense qu'avec le temps, les choses vont s'améliorer et on aura une plus grande présence égyptienne je suppose, en Algérie, comme une grande présence algérienne en Egypte. Cette année le festival est peut-être mal tombé, en plein hiver et puis il est concurrencé par les autres festivals, notamment ceux de Marrakech et de Dubaï. Est-ce la raison pour laquelle il n'y a pas beaucoup d'invités cette année? C'est pour cela que je vous ai dit que cette édition est pour nous l'occasion de réaffirmer le fait qu'il y a un Festival du cinéma arabe à Oran. Nous l'avons fait exceptionnellement pour l'année 2010 en décembre. Quand je vous disais au début de l'interview que nous réfléchissions à un nouveau format, on ne pense pas seulement en termes d'identité, mais on pense à arrêter une date définitive afin de l'inscrire dans la durée en terme de rendez-vous. Là, nous pensons sûrement le préparer pour le mois de juillet prochain, nous allons certainement tenir le pari. Cela dit, je vous signale que la proximité du mois de juillet avec le mois de Ramadhan est un point problématique. Pas pour nous, car beaucoup de gens dans le Monde arabe sont ailleurs. Beaucoup ne peuvent pas forcément venir pendant le mois de Ramadhan, parce que c'est un mois où les gens sont plus tournés vers le jeûne et tout ce qui va avec, donc ce n'est pas très bien indiqué de faire un festival. On réfléchit vraiment à comment l'inscrire définitivement dans le calendrier. Chaque année au Festival du film arabe d'Oran se tenait justement la réunion des directeurs des Festivals arabes pour organiser ce fameux calendrier, sauf cette édition, pourquoi? Cela n'a pas eu lieu parce qu'il y a eu le Festival de Marrakech, celui du Caire, celui de Dubaï aussi. Je pense que l'année prochaine on va reprendre ça et établir des relations avec ces différents festivals et essayer de coordonner toutes nos actions et faire en sorte que tous ces festivals soient complémentaires et tous disponibles pour pouvoir assurer la promotion du cinéma, en général, et du cinéma arabe en particulier Certains ont relevé une certaine désorganisation lors de cette édition. Que répondez-vous à cela? Je dis que ce festival a été organisé au cours du dernier trimestre de 2010. Ce n'était pas évident parce que beaucoup de gens étaient engagés, soit dans le cadre de tournages, soit dans d'autres festivals. Nous avions mesuré le risque dès le départ. Nous savions qu'il allait y avoir des problèmes de présence massive des cinéastes et cette mauvaise organisation, comme vous dites, ou cette absence d'organisation, est due peut-être en partie à cela. Le film Hors-la-loi a été projeté lors de la soirée d'ouverture, le 16 décembre dernier, sans le réalisateur. La sortie du film aux USA a eu lieu le 8 décembre. Pourquoi n'est-il pas venu alors à Oran? Bouchareb était absent, car il est à Los Angeles. Le film était sélectionné pour concourir aux Oscars et donc il est sorti le 8 décembre là-bas et Rachid Bouchareb y était pour présenter son film de manière officielle sous la bannière algérienne. Il ne pouvait pas être là. Le 8 décembre est une date officielle à partir de laquelle il doit être constamment présent pour présenter le film à différentes instances qui votent dans le cadre des Oscars.