L'Autorité palestinienne a dénoncé hier une «dangereuse escalade» de l'armée israélienne après ces deux décès. Deux civils palestiniens sont morts ces dernières 24 heures en Cisjordanie occupée, une femme de 36 ans qui a inhalé des gaz lacrymogènes lors d'une manifestation et un jeune homme touché par des tirs israéliens à un barrage militaire. Mohamed Daraghme, âgé d'une vingtaine d'années, a été tué hier matin par un tir de soldat après une dispute au barrage de Hamra, près de Naplouse, a indiqué un responsable des services de sécurité palestiniens. Selon cette source, la victime, qui travaillait dans une colonie israélienne, n'était pas armée. Elle a reçu trois balles et est décédée sur place. Une porte-parole de l'armée a expliqué que le Palestinien «s'était approché du barrage une bouteille à la main et les soldats ont probablement eu peur qu'il tente de les poignarder». «Une enquête est en cours. Mais nous supposons que les soldats ont procédé à des tirs de sommation puis tiré dans la direction du suspect qui continuait d'avancer alors qu'il était à quelques mètres d'eux», a-t-elle assuré. Quelques heures auparavant, un Palestinien avait été arrêté dans le sud de la Cisjordanie, près du bloc des implantations du Gush Etzion, après avoir, selon l'armée, essayé d'attaquer deux soldates avec un couteau. Dans la nuit de vendredi à samedi, une habitante du village palestinien de Bilin, Jawaher Abou Rahmah, est décédée à l'hôpital de Ramallah après avoir perdu connaissance durant une manifestation contre la clôture de sécurité israélienne. L'Autorité palestinienne a dénoncé hier une «dangereuse escalade» de l'armée israélienne après ces deux décès. «L'escalade israélienne vise à détruire tout espoir d'un processus de paix. Nous demandons à l'administration américaine et à la communauté internationale de prendre les mesures nécessaires pour (la) stopper», a déclaré le porte-parole de l'Autorité palestinienne Nabil Abou Roudeina. La mort de Jawaher Abou Rahmah, qualifiée de «crime de guerre» par les Palestiniens, a déclenché une polémique en Israël, l'armée israélienne se retrouvant à nouveau sur la sellette. Selon des témoins, la jeune femme a été prise dans un épais nuage de gaz, les soldats ayant utilisé une grande quantité de lacrymogènes contre les protestataires. Un membre de sa famille a précisé qu'elle souffrait d'allergies mais n'avait pas subi de malaise lors de précédentes manifestations. L'armée a déclaré qu'une «enquête avait été ouverte pour déterminer les causes exactes de cette mort», affirmant avoir «en vain contacté l'Autorité palestinienne pour obtenir un rapport médical de l'hôpital» sur le décès. Elle a simplement indiqué avoir eu recours à «des moyens de dispersion» contre quelque 250 personnes qui jetaient des pierres sur des soldats à Bilin. L'avocat israélien de la famille Abou Rahmah, Michael Sfard, a accusé hier l'armée «d'avoir usé d'une quantité massive de gaz», mettant ainsi en danger la vie de manifestants. «Une fois de plus, l'armée couvre les actes de ses hommes, au lieu de présenter ses regrets et d'enquêter sérieusement», a déploré Me Sfard. Plusieurs centaines de manifestants israéliens, dont un député du parti de gauche Meretz, ont protesté samedi soir devant le siège du ministère de la Défense à Tel-Aviv contre la poursuite de l'occupation israélienne en Cisjordanie après le décès de Jawaher Abou Rahmah. Un de ses frères, Bassem Abou Rahmah, était mort après avoir été touché à la tête par un tir direct de grenade lacrymogène lors d'une manifestation au même endroit le 17 avril 2009. Une enquête de l'armée avait disculpé les soldats. Bilin et Nilin sont le théâtre de manifestations hebdomadaires, qui réunissent Palestiniens et militants israéliens et internationaux, contre la barrière de séparation de 413 km, toute proche, érigée par Israël.