Le Théâtre régional d'Oran accueille, le 14 janvier prochain, à partir de 17h, une pièce de théâtre pas comme les autres sur le thème des harraga. Elle est mise en scène par la compagnie Daraja Théâtre. Fondée par Mohamed Yabdri et Taous Claire Khazem, Daraja Théâtre est une compagnie à la recherche d'un théâtre aventurier en solo joué en trois langues: français, anglais et arabe. Daraja a pour but d'élargir la culture théâtrale en Afrique du Nord en montant des spectacles qui créent un espace théâtral qui accueille et inspire toute génération. Daraja anime également des stages pour jeunes artistes aux thèmes divers: contes, langages de gestes, masques, et one--man-show. Harraga a été monté, nous a indiqué Mohamed Yabdri, suite à trois stages de théâtre dans le geste et la création des personnages, animés par Mme Khazem Taous. L'histoire de cette pièce est celle de neuf Algériens qui montent dans une barque pour partir en Europe clandestinement. Puis une vague féroce et neuf épaves d'histoires flottent sur l'eau. L'irréel apparaît, des nez rouges tombent du ciel. L'absurde arrive avec les courants de la mer, déchiqueté et essoré au bord d'une plage inconnue. Neuf histoires se racontent en flash, en mouvement, en musique, en scènes hilarantes et ironiques. Notons, nous a appris Mohamed Yabdri, que ces neuf comédiens ne sont pas des praticiens du théâtre. Ils n'ont jamais fait de théâtre de leur vie. Ils sont étudiants, chômeurs, infirmiers et un cuisinier. Harraga est interprété par Youcef Gouasmi, Nabil Bouabdelli, Bekkouche Benziane Imad Eddine, Najwa, Kawtar, Fatima Zamaâllach, Yahia Benabdellah, Amine Mimous et Bilal Benabdellah. C'est Mohamed Yabdri qui a encadré la formation. Ce n'est qu'au dernier mois, que la création est née sans pour autant se départir de l'idée initiale de la pièce. Les comédiens ont fait des recherches sur le sujet, découpé des articles, interviewé ceux qui ont fait des tentatives de harga et ont rencontré de nombreux sociologues. Ils présenteront, étape par étape, leur travail à tout ce beau monde, tout en exposant leurs démarches systématiquement et en peaufinant l'écriture du spectacle sur les planches même. C'est ainsi que la création est née en concertation avec le public. Une création in vivo réalisée grâce aux idées des uns et des autres, le tout rehaussé par les outils indispensables pour chaque comédien que les stagiaires ont eu à assimiler durant leur stage. Et ainsi, fixer cette pièce de 55 mn. Harraga a bénificié de deux représentations que le public a vraiment apprécié, nonobstant la qualité et jeu professionnel des comédiens qui ont été à maintes fois soulignés. Pourquoi harraga? a-t-on posé la question à Mohamed Yabdri. Le sujet a déjà été abordé en 2003 dans le cadre d'un one-man-show mais vu l'ampleur du phénomène, notre metteur en scène a décidé d'en faire une pièce de théâtre. Car, dit-il franchement: «Le but n'est pas de faire des représentations et gagner de l'argent. Le but est de diffuser ce spectacle et animer un débat derrière.» Et de révéler: «Un des comédiens de la pièce est un ancien présupposé à la harga en ayant fait la tentative de partir clandestinement par deux fois. Grâce au théâtre, il a décidé de rester, sa vision des choses a changé.» «Aujourd'hui, il se dit, partir un jour, mais avec la tête haute...» Pour notre interlocuteur aussi, l'objectif de cette pièce est d'aller à la rencontre de son public, autrement dans les lycées et autres, et pas seulement qu'au public averti des Maisons de la culture. Ce ne sont pas les grandes salles de spectacle qui l'intéressent, mais la proximité avec les gens qui importent pour lui. Pour ce faire, il compte inviter le 14 janvier prochain des directeurs d'établissement scolaire pour les sensibiliser sur le sujet et pourquoi pas, programmer cette pièce de théâtre au sein de ces structures. C'est le style satirique qui domine cette pièce où chaque comédien endosse le rôle de trois ou quatre personnages, nous a révélé Mohamed Yabdri. Il s'agit de mettre à profit les outils de la formation afin de savoir comment endosser et sculpter son personnage. «Je suis satisfait de mes comédiens. L'objectif principal, par cette pièce, est de faire bouger les esprits...Après, les comédiens peuvent aller se produire ailleurs s'ils le veulent.» Bon vent pour cette pièce et surtout bonne contiuation pour la compagnie Daraja Théâtre!