Depuis quelque temps, nous assistons, à travers une certaine presse, à un duel «titanesque». De jour en jour, ce débat, qui s'appesantit sur le devenir de la sphère énergétique du pays, principalement dans les segments des hydrocarbures, vire à l'affrontement politique où l'invective d'un des protagonistes prend le dessus sur le débat contradictoire, pour lequel la profondeur de la réflexion, tant le sujet est d'importance, nécessite calme, sérieux, sérénité et pondération. De quoi s'agit-il exactement? A qui s'adresse-t-on? Globalement, il ne s'agirait que d'une première mouture d'un avant-projet de loi sur les hydrocarbures déposé par le ministre en charge du secteur à l'examen du Conseil des ministres, avant-projet soumis également à certains partenaires sociaux pour avis. Entre-temps, et en pleine campagne électorale pour les municipales, ne voilà-t-il pas que des haut responsables politiques accaparent brutalement la question, sans que l'opinion publique, dans sa majorité, sache de quoi il en retourne réellement. En premier lieu, le président de l'APN qui se prononce contre ce projet de loi sans que, selon ses propres dires, il ait lu le document!... .Entraînant de la sorte un ensemble de réactions de type épidermique bien mis en évidence par certains quotidiens en mal de sensations. Quant au Chef du gouvernement, il se «serait prononcé» pour certains également «contre» cet avant-projet. Jamais Si Ali Benflis, en fin politicien averti, n'aurait commis une telle «bourde», soucieux comme il est de la préservation de la stabilité des institutions. Tout en respectant ces propositions tranchées et teintées, avouons-le, d'un dogmatisme certain, nous nous inquiétons tout de même du respect de la solidarité et de l'homogénéité de la coalition gouvernementale. Il est impensable, pour les quidam que nous sommes, de penser un seul instant que le ministre de l'Energie et des Mines ait pu concocter un tel document à portée stratégique pour l'avenir du pays par-dessus la tête du Chef du gouvernement, même si de mauvaises langues parlent de l'existence d'un «cabinet noir». Cela étant, revenons à nos protagonistes dont l'un est mis en accusation aux motifs récurrents de «brader, à travers la privatisation de S.H., les intérêts de la nation et la souveraineté du pays». Pour accompagner ces thèses, le secrétaire national de l'Ugta en charge des travailleurs du secteur pétrolier, réaffirme de manière péremptoire que l'Ugta se prononce également, dans un tourbillon d'intellectualité, contre la réconciliation nationale ! Tout en feignant d'ignorer que cette dernière a été largement approuvée par le peuple composé, peut-être, de Martiens et non de travailleurs. C'est un signe évident de démocratie avancée chère à la composante partisane majoritaire au sein du Conseil national de l'Ugta, dont le camarade Badredine se fait l'écho oubliant son investiture en qualité de député FLN. En réponse aux arguments politiques, techniques et même philosophiques du ministre, le camarade Badredine, porté par son ramage, s'en va-t-en guerre contre le ministre - DG de S.H. à telle enseigne qu'il ne fait en aucun cas honneur à la maturité syndicale et politique reconnue de la Centrale. Il est allé même jusqu'à se mettre en position d'inadéquation protocolaire vis-à-vis de la représentation diplomatique de la première puissance mondiale et également avec la première institution financière de la planète! Du délire...Mais quand il est demandé au numéro 1 de l'Ugta de faire des contre-propositions officielles sur le texte, il me semble, a priori que le ministre s'est adressé à un abonné absent. Pourtant, il existe en Algérie, un centre de concertation, d'expression, voire d'expertise s'il le fallait, qui se positionne au-dessus des joutes politiciennes; le Conseil national économique et social (Cnes), dont la probité n'est plus à démontrer pourrait être saisi pour donner son avis sur la question, surtout que l'Ugta est un acteur éclairé de cette noble institution. Sur des problèmes aussi sérieux qui engagent l'avenir du pays, l'Algérie doit développer des capacités internes en matière de réflexion prospective pour asseoir sa stratégie énergétique pour les 10 prochaines années. Faire appel également à la consultation et l'expertise autorisées aurait permis plus de sérénité du débat contradictoire. Mais menacer le pays d'un recours à une grève générale, préconisée de surplus par un député FLN, la chose est grave. Déjà, le doute s'établit sur les réelles motivations d'une telle menace dont se réjouissent certains éditorialistes. Mobiliser les masses laborieuses autour d'une vieille idéologie, aux contours érodés est de nature à engendrer de dangereux dérapages aux lourdes conséquences. Le peuple a besoin de savoir et de comprendre avant de se prononcer sur le fond. Faire l'amalgame ne peut conduire à instaurer la paix dans les institutions et les esprits. L'Ugta est certes une force sociale d'appoint, mais institutionnalisée du système administré à hauteur des subventions et autres privilèges que lui octroie généreusement l'Etat comme au bon vieux temps. Quant à la position énoncée du président de l'APN sur la question, elle ne peut être prise en compte comme la position officielle du parti FLN pour laquelle le bureau politique aura à se prononcer après avis du Comité central. Comme l'a si bien dit Si Benflis, invité de la Chaîne III, en sa qualité de SG du FLN: «Ce n'est qu'un avant-projet de loi avec des propositions soumises à discussion.» Alors, pourquoi tout ce vacarme? Tout ce qui est excessif devient à la longue insignifiant...alors Oui à la démocratie participative, mais Non à la surenchère politique édictée pour la préservation d'une rente intronisée ad vitam aeternam.