Les Scouts musulmans algériens proposent un projet inédit: «Chaque établissement scolaire doit avoir un ou plusieurs clubs de scouts pour encadrer les écoliers.» Huit Algériens ont eu recours, en l'espace de quelque jours, à l'acte ultime et spectaculaire: l'immolation par le feu. Nourredine Benbraham, commissaire général des Scouts musulmans algériens (SMA), estime que ce geste traduisant un profond état de désespérance n'est pas la bonne solution. «Un musulman ne s'immole pas, il a la foi», a-t-il déclaré à L'Expression, lors d'un point de presse organisé, hier, au forum d'El Moudjahid à la veille de la tenue du congrès des SMA. Cette interprétation religieuse n'explique pas les souffrances quotidiennes d'une jeunesse livrée à elle-même. Chômage, mal-vie, insécurité...ont poussé ces jeunes à investir la rue en début du mois courant. Les protestations violentes ont gagné plusieurs wilayas. Il fallut près d'une semaine pour que la vie reprenne son cours normal. Affirmant qu'il ne «craint pas une explosion sociale». Benbraham a admis que «ces événements ont été surprenants». L'objectif des scouts, dit-il, est de «redynamiser l'espoir chez notre jeunesse». Une jeunesse que notre interlocuteur qualifie de «non structurée». Interrogé dans le même contexte, Abderrahmane Arar, président du réseau Nada a conclu que les dernières émeutes «sont une réaction très logique d'une population vivant la pression et le cumul de problèmes». D'événements pareils ne sont pas à écarter, selon lui. «Cela est possible parce que nous sommes dans une société de mutation. Le vrai problème est l'absence de mécanismes permettant aux jeunes de se reconstruire de nouveau», ajoute-t-il en guise d'arguments. Interpellé sur les évènements qui se sont soldés par la destitution de Ben Ali en Tunisie, notre interlocuteur a rejeté l'idée selon laquelle ces émeutes constituent une leçon pour l'Algérie et les autres pays arabes. «On a déjà donné une leçon aux Tunisiens en 1988. En phase de transition, ils peuvent apprendre de notre expérience», enchaîne M.Arar. Outre la nouvelle forme de suicide qu'est l'immolation par le feu des jeunes Algériens, un million selon la Forem, consomme de la drogue, d'autres sont en déperdition scolaire... et des dizaines de harraga sont recensés chaque semaine. «L'expérience démocratique algérienne est unique dans le Monde arabe, la solution à cette frange doit être algérienne, elle aussi», a insisté le commissaire général des SMA. Le rôle de la société civile (on compte 81.000 associations inscrites) doit être déterminant. Les campagnes de sensibilisations ne suffisent pas pour régler les problèmes inquiétants telle la toxicomanie...Le besoin est d'agir. Pour un meilleur encadrement de la jeunesse, les SMA misent sur le projet des scouts scolaires. «Il faut que chaque établissement ait un ou plusieurs clubs de scouts», explique le conférencier. Comme il propose une «politique nationale de la jeunesse». La jeunesse non structurée doit, selon Benbraham, «avoir des réserves exceptionnelles» à partir des 286 milliards de dollars consacrés pour le nouveau plan d'investissement public.