Le Bastion 23 a servi, jeudi dernier, de décor de tournage pour les dernières séquences du film algérien Appel téléphonique, de Yacine Bendjamline, en présence d'artistes et hommes de culture. Le film, qui évoque durant 1h20mn, le thème du mariage mixte, relate l'histoire d'une union entre un migrant algérien, ancien moudjahid et une Française. Ils se sont rencontrés en Algérie dans les années 1960, durant la guerre d'Indépendance, pour ne plus se quitter après. Ils s'installent en France où au bout de 35 ans de mariage, le mari décide de rentrer dans son pays. Une décision que rejette sa femme française. Le rôle principal est interprété par Youcef Meziani. De ce mariage mixte naît une fille tiraillée entre les cultures algérienne et française. Après cinq ans de séparation, le mari reçoit un appel téléphonique de la part de son ancienne épouse qui tente de tisser de nouveaux liens avec lui tout en lui annonçant le mariage de sa fille. Réconciliation ou conciliation? Le film mettra à nu la tentative de ces familles à s'accorder entre traditions, us et coutumes et modernité. Le réalisateur Yacine Bendjamline joue un petit rôle dans le film, (celui du fiancé). 90% des évènements du film ont été tournés en Algérie et le reste dans la ville tunisienne de Hammamet. Le tournage sera complété en France pendant trois jours, au mois de février. Cette oeuvre cinématographique a vu la participation de plusieurs figures artistiques algériennes mais plutôt de la Télévision nationale à l'image de Fatiha Berber, Madani Naâmoun, Youcef Meziani, Sid Ali Bensalem, Abdelhamid Rabia et Hafidha Bendiaf. Révélé au public en 1986 dans Une médaille pour Hassan, au côté de Rouiched, Yacine Bendjamline a notamment interprété plusieurs rôles, que ce soit pour le compte de la télé ou le cinéma. Yacine Bendjamline tente, aujourd'hui, sa deuxième expérience en matière de production cinématographique après la première en 2008 dans le film Le jeu. Au cours de sa carrière, il a travaillé avec de nombreux réalisateurs à l'instar de Lamine Merbah, Hadj Rahim, Bachir Belhadj, Dahmane Ouzid etc. Appel téléphonique sera projeté la mi-avril prochain, a-t-on appris. «Il s'agit du premier film algérien à s'intéresser au thème du mariage mixte, notamment après la propagation de ce phénomène parmi les jeunes Algériens. Un sujet que personne n'a encore abordé, j'ai eu donc l'idée de le mettre en scène. Comme on dit, le médecin soigne de façon médicale et moi, j'ai tenté d'aborder ce sujet de façon artistique. Mais ce film est plus fait de constats que de leçons. A chacun sa lecture et sa vision des choses. L'essentiel est que ce soit traité de façon intelligente. C'est plus faste que néfaste...», a fait remarquer le réalisateur, soulignant l'importance d'accorder un intérêt particulier à la formation cinématographique. «Mon souhait est qu'on ait une école de cinéma, même si les meilleurs réalisateurs ont appris sur le tas. Ceux qui ont fait des études à l'étranger sont très rares. Ce que je fais là, maintenant, c'est grâce à l'expérience acquise sur les différents plateaux avec les différents réalisateurs, ainsi qu'aux techniques de réalisation que j'ai mises à exécution ici. Avoir une école de cinéma c'est légitime. Il faut juste qu'on ait «le vouloir» et surtout y croire.» Produit par Riyawa production à 100% algérienne, sans l'aide du ministère de la Culture, ni de la télé, le scénario de Appel téléphonique est signé aussi Yacine Bendjamline. Premier assistant réalisateur et comédien sur ce film, Sid Ali Bensalem dira pour sa part que le tournage s'est déroulé dans de bonnes conditions, non sans lancer un coup de gueule exhortant les responsables à faire travailler les enfants du pays au lieu de ramener des techniciens de l'étranger et marginaliser ses comédiens.