Il n'y a pas de maître sans maîtres, chantait, il y a des décennies El Hadj Mhamed El Anka, le plus grand enseignant pour ne pas dire école de Matoub Lounès. Une année avant son assassinat, Matoub cite El Anka pour la première fois dans l'une de ses chansons pour lui exprimer sa gratitude car sans El Anka, Matoub aurait sans doute suivi une tout autre trajectoire. El Anka est incontestablement l'icône qui a le plus marqué Matoub. Il l'a inspiré dans tous les domaines, hormis la poésie. Dans la façon d'interpréter, on retrouve des traces indéniables dans les chansons de Lounès. Mais ce dernier est allé plus loin en reproduisant un nombre important de musiques interprétées auparavant par El Anka. C'est le cas de la musique de la chanson «Izriw», de la deuxième partie de «Tamedit Bawass», La deuxième partie de «Ayizriw yesridimen», de «Abehri n lhif» sans oublier les préludes musicaux. Aussi, Matoub a été très imprégné par un chanteur peu connu et presque jamais médiatisé mais qui a composé des merveilles. C'est le chanteur d'expression kabyle Cheikh Arab Bouyezgaren. Le prélude de la chanson «Arwah Arwah», «Mimezran», «Aras tili», «Atsili lhaga rkhisset» et d'autres chansons interprétées par Matoub ont été des compositions de Cheikh Arab Bouyezgaren. Matoub Lounès s'abreuvait aussi d'autres grandes figures de la chanson chaâbie algérienne comme Amar Ezzahi, Boudjemâ El Ankis, El Hachemi Guerrouabi, Dahmane El Harrachi, El Hasnaoui sans oublier l'incontournable Slimane Azem. Matoub était un amoureux de plusieurs mélodies de Slimane Azem et d'El Hasnaoui. Du premier, il a reconstitué, entre autres: «Atas ay sevregh», «Amuh amuh» et «D'aghrib dabarani». D'El Hasnaoui, il a puisé les musiques d'une partie de «A muh a muh», «A yikhfiw», «A vava ruh»... Matoub avait des maîtres. Il respectait leurs oeuvres. C'est sans doute l'une des raisons pour lesquels il est devenu à son tour un maître.