Les partis de l'Alliance présidentielle et ceux de l'opposition ont un point commun: le manque d'imagination politique. La classe politique est-elle en déphasage par rapport aux aspirations profondes de la société? Emeutes, auto-immolations et tentatives d'auto-immolations (hommes et femmes), menaces de grève, appels des pouvoirs publics à des manifestations pacifiques...suivis d'empêchements de marches organisées, par des formations politiques agréées. Tel est le lot quotidien servi au citoyen. Seulement, les partis politiques brillent par leur manque d'imagination politique. Un exemple illustratif: la société gronde et les partis de l'Alliance présidentielle semblent regarder ailleurs. Le FLN, parti majoritaire dans les deux chambres du Parlement, est en stand-by. «Nous n'avons rien à dire pour le moment», a déclaré, hier, Kaci Aïssi, chargé de communication de ce parti, joint par téléphone. Le doyen des partis algériens récuse toute lecture donnant une dimension politique aux dernières émeutes qui ont secoué le pays. «Il n'y a pas de crise politique en Algérie». C'est le leitmotiv repris, hier, par M.Aïssi. Pour le FLN, la crise est économique. Qu'en est-il de ses propositions sur ce plan? Rien à signaler pour le moment. «Nous tenons une série de réunions pour faire le point de la situation. Une séance du bureau politique est prévue avant la fin de cette semaine. Aussi, nous attendons le rapport de nos députés, d'ici le 31 de ce mois, pour formuler nos propositions», a indiqué M.Aïssi. Le même tempo est observé au sein du RND. Récemment, Seddik Chihab, membre du bureau politique de cette formation, avait reconnu que «le gouvernement s'est trompé de priorités». La réplique de Kaci Aïssi ne s'est pas fait attendre. «Il est proche du Premier ministre (Ouyahia, le secrétaire général du RND), donc, il est mieux placé pour savoir si le gouvernement s'est, effectivement, trompé sur ces choix ou non», a-t-il lancé. Un responsable du RND reconnaît des erreurs commises par le gouvernement Ouyahia et le FLN trinque. Ces deux partis continuent à se titrer dans les pattes. L'autre formation de l'Alliance présidentielle, le MSP, semble vouloir faire cavalier seul. Elle a appelé ces derniers jours, par le biais de son président Bouguerra Soltani, a ouvrir le dialogue «avec toutes les couches de la société». A l'évidence, les partis de l'Alliance mènent une valse à trois temps. Seulement, leurs violons sont accordés sur l'exécution du plan quinquennal 2010-2014. En conséquence, ils sont exempts de toute proposition partisane. La sécheresse politique touche, également, les partis d'opposition. Le FFS semble avoir perdu sa capacité d'anticiper les évènements. Loin est le temps où il proposait des sorties de crise qui faisaient débat sur la scène politique nationale et dans les sphères internationales, à l'exemple de l'Internationale socialiste. Dernière sortie en date de ce parti: il a préféré se retirer de la marche nationale prévue par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd), le 9 février prochain. Pourtant, la Cncd est composée de partis d'opposition, de syndicats autonomes et associations, dont certaines sont proches de ses thèses. Perdant son rôle de chef de file de l'opposition, le FFS s'est contenté de critiquer le pouvoir et...l'initiative du RCD. La marche empêchée du parti de Saïd Sadi, prévue samedi, a le mérite d'avoir propulsé le leader du RCD sur le plan médiatique. Il a repris à son compte des revendications qu'il réprouvait durant les année 1990. il s'agit, entre autres, de la levée de l'état d'urgence. Dans l'état actuel des choses, c'est l'urgence d'une sortie de crise qui s'impose.