Seuls 4 ou 5 partis, reflétant la société algérienne, sont appelés à survivre à ce véritable séisme politique. Il est loin, désormais, l'engouement qui avait suivi l'ouverture démocratique avec la création de pas moins d'une soixantaine de partis politiques. La présidentielle de 2004, dont les résultats sont difficilement contestables, a cruellement disqualifié la classe politique algérienne, loin d'être en phase avec les aspirations et les grands clivages de la société algérienne. Une simple petite lecture des résultats renseigne sur le déphasage actuel de la classe politique et, partant, sur la nécessité d'une mutation qui, faut-il le rappeler, tenait à coeur au chef de l'Etat quoiqu'elle ne fisse pas partie de ses priorités lors de son précédent mandat. Avec moins de 14 % des suffrages exprimés, l'opposition, présente en les personnes de cinq candidats, n'en mène pas large. Il en va de même pour l'alliance présidentielle. Un regard impartial, sans la moindre velléité critique, verrait bien que la tendance «redresseur» du FLN est équivalente, sinon inférieure, au Fln de Benflis, que le RND dispose du tiers de l'électorat de ce parti et que le MSP arrive loin derrière le mouvement Islah. Ces grandes tendances nous sont fournies aussi bien par les législatives et les locales de 2002 que par les dernières sénatoriales. Ouyahia, dans sa conférence de presse, avait pris en exemple ces scrutins pour justifier les résultats de 2004. Il apparaît ainsi que même l'alliance en tant que telle, ne saurait en aucun cas dépasser le taux de 10 à 12 %. Le reste, tout le reste des fameux 84 % sont du seul cru de l'aura, du bilan et de la «campagne messianique» du président-candidat. A l'heure des bilans, succède forcément celle des perspectives. L'on évoque, de plus en plus avec force, l'émergence d'un pluralisme politique plus conforme au fameux «standard européen» qu'évoquait la sénatrice belge, en mission de surveillance dans notre pays. L'alliance présidentielle, tissée dans le but de durer, ont indiqué ses promoteurs, a ainsi toutes les chances de se muer en une puissante formation politique. D'autant que les «divergences de fond» entre les trois partis qui la composent n'ont eu de cesse de s'estomper entre l'islamisme des premiers jours du défunt Nahnah, l'éradication pure et dure d'Ouyahia et la tendance «Sant-Egidiste» d'un Belkhadem désormais attaché à la seule réconciliation version bouteflikienne. Il est vrai, toutefois, qu'aucune refondation globale ne saurait se faire jour sans législatives anticipées. Or, il faudrait pour cela, que ces trois partis présentassent des listes communes. Sont-ils assez mûrs pour cela? Les tout prochains jours nous le diront. La nécessité d'élire une nouvelle assemblée réside également dans la nécessité de mettre en place le fameux plan de Zerhouni prévoyant une nouvelle loi organique sur les partis politiques ainsi que la dissolution de tous ceux qui ne détiendraient pas au moins 5 % des suffrages exprimés lors des législatives. Cela permettrait, à coup sûr, de purifier la scène politique, mais aussi de permettre aux partis restants de se mettre plus en phase avec la société et ses aspirations. Partant de ces mesures, lesquelles ne sauraient se faire jour avant une ou deux années au moins, il serait possible de spéculer pour dire que seuls des partis comme le mouvement Islah, FFS, le RCD, le PT et, éventuellement, AHD 54, survivraient à de pareilles mesures, somme toute salvatrices pour un pluralisme démocratique qui bat de l'aile en Algérie. Mais le désir d'aider à l'émergence d'une classe politique reflétant réellement la société algérienne, ne saurait s'accommoder de l'exclusion d'un parti comme Wafa, qui a satisfait à toutes les exigences légales, dont le chef de file, Ahmed Taleb Ibrahimi, était donné favori lors des présidentielles de 1999, et qui n'a pas eu l'occasion de montrer sa véritable force lors du scrutin de ce 8 avril.