En Algérie, en Tunisie, en Mauritanie, en Egypte ou en Jordanie, ces immolations se font nombreuses ces derniers temps. Les jeunes des pays de l'Afrique du Nord et du Monde arabe recourent de plus en plus à l'immolation par le feu pour interpeller leurs régimes respectifs sur leur misérable situation sociale. Face au désespoir, ils passent à l'extrême pour d'une part, mettre les régimes devant leur responsabilité et d'autre part, (re)tirer la sonnette d'alarme sur une situation sociale sans horizon. En Algérie, en Tunisie, en Mauritanie, en Egypte ou en Jordanie, ces actes de désespoir se multiplient ces derniers temps. Hier, ce sont un Egyptien et un Mauritanien qui se sont immolés pour dénoncer leur misère sociale et la passivité des autorités. En Egypte, un jeune s'est mis le feu devant l'Assemblée du Peuple au Caire en aspergeant son corps d'essence. Selon l'agence officielle égyptienne Mena, l'homme, Abdo Abdelmoneim, est un propriétaire de restaurant à Qantara, une ville proche d'Ismaïliya, sur le canal de Suez. Il aurait commis son geste pour protester contre le fait qu'«il n'avait pas reçu de coupons pour acheter du pain pour son restaurant». En Mauritanie, le jeune qui s'est immolé a accompli son acte de désespoir près de la présidence de la République mauritanienne à Nouakchott, pour exprimer son mécontentement de la situation politique du pays et sa colère contre le régime en place. Le dénommé Yacoub Ould Dahoud, âgé de 43 ans, a arrêté sa voiture devant le Sénat, situé à quelques mètres de la présidence, et s'est immolé par le feu à l'intérieur du véhicule. L'intervention rapide des policiers a permis de l'évacuer vers l'hôpital pour y être soigné de brûlures au visage et aux membres inférieurs. En Algérie, on enregistre cinq immolations en l'espace de quatre jours dans différentes wilayas du pays. Jeudi dernier, un citoyen, A.M, 41 ans et père de six enfants, a tenté de mettre fin à ses jours en s'immolant dans l'enceinte du siège de la daïra de Bordj-Ménaïel, à 30 km à l'est de Boumerdès. Vendredi soir, à 21 heures, un jeune de 26 ans, répondant aux initiales H.S., s'est immolé en plein centre-ville de Jijel, sur l'avenue Emir Abdelkader pour dénoncer la mal-vie qui le ronge au quotidien. Samedi, un jeune a mis le feu à la maison familiale à Alger pour protester contre sa condition sociale et demander un logement décent et digne d'une Algérie indépendante. A Tébessa, un jeune répondant aux initiales A. B. résidant dans la commune de Boukhadra, s'est immolé lui aussi pour protester contre le chômage. Avant-hier, c'est un jeune de 34 ans de la wilaya de Mostaganem qui s'est immolé par le feu, devant le siège de la Sûreté de wilaya de Mostaganem. En Tunisie, un universitaire, marchand ambulant de 26 ans, Mohamed Bouazizi, s'était immolé par le feu pour protester contre la saisie de sa marchandise, déclenchant les émeutes qui ont abouti à la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali vendredi dernier. Les chefs d'Etat des pays de l'Afrique du Nord et du Monde arabe qui règnent sans partage doivent tirer des leçons. Car, il y a péril en la demeure.