Une Commission interministérielle est demandée pour établir un constat sur la gravité de la situation. Les employés du site sidérurgique d'El Hadjar (Annaba), en grève depuis dimanche dernier, adressent une lettre ouverte au président de la République. Ils lui lancent un SOS de désespoir. Les salariés des entreprises de sous-traitance exigent leur recrutement au sein de l'usine. Ils dénoncent la perte de plusieurs centaines d'emplois, l'investissement qui tarde à venir et l'arrêt depuis une année de la cokerie, de même pour la tuberie sans soudure faute de cahier des charges. Le haut-fourneau n°2 et l'agglomération sont en fin de campagne et présentent des signes évidents d'essoufflement, est-il ajouté dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Les aciéries et les laminoirs éprouvent énormément de difficultés à rester en cycle de production en raison de leur état de vétusté, ont souligné les salariés dans la lettre. Ce complexe presque à l'arrêt est en train d'agoniser, ont-ils poursuivi. Selon Smaïl Kouadria, le secrétaire général du syndicat de l'entreprise, ce mouvement n'obéit à aucun mot d'ordre. «Il est spontané et bien que nous syndicalistes n'avons rien à voir avec ce mouvement, nous l'approuvons et le soutenons car il reflète le souci des travailleurs de sauvegarder leur outil de travail», a-t-il déclaré à la presse. De son côté, la direction générale a appelé les 500 contractuels des entreprises de sous-traitance qui bloquent la chaîne de production à «faire preuve de raison» Elle leur a demandé de «libérer les sites occupés afin que la production reprenne, et continuer à honorer leurs commandes et servir leurs clients et éviter toute perturbation des objectifs que l'entreprise s'est assignés». Dans un bulletin spécial, Vincent Le Gouïc, directeur général de la société mixte ArcelorMittal Annaba, a précisé que «des salariés d'entreprises de mise à disposition ont pris la décision mercredi dernier de bloquer les aciéries pour exiger le recrutement de 500 d'entre eux. Partiel il y a 4 jours, ce blocage s'est généralisé dimanche à toutes les installations de production, malgré l'appel lancé par la direction générale pour éviter de mettre en péril la pérennité de la société». La direction d'ArcelorMittal a promis un premier recrutement d'une centaine d'agents sur l'ensemble du site, qui sera effectué immédiatement selon des critères indiscutables tels que l'âge, l'ancienneté et le poste occupé. «Un recrutement progressif s'effectuera en fonction des départs à la retraite attendus qui sont de l'ordre de plus de 500 agents», a ajouté la direction générale. Le complexe d'El Hadjar a déjà été affecté en 2010 par trois grèves générales: en janvier, d'une durée de 9 jours, puis en juin avant que la justice n'ordonne la reprise du travail et enfin en octobre. Les salariés de l'usine avaient cessé leur mouvement de grève en octobre après un accord entre le syndicat de l'entreprise et la direction sur la reprise des négociations salariales. Le DG d'ArcelorMittal en Algérie, Vincent Le Gouic, s'était alors engagé à régler le problème lié à la situation des personnels de la sous-traitance. Le complexe sidérurgique d'El Hadjar, employant 6000 salariés, est une ancienne entreprise publique, rachetée à 70% en octobre 2001 par l'Indien Ispat, du groupe Mittal. Elle a produit 750.000 tonnes d'acier en 2009, selon la direction générale de l'entreprise ArcelorMittal.