Son chef-d'oeuvre reste sa demi-finale contre Roger Federer, où le maître suisse, tenant du titre, n'a pas résisté plus de trois sets, 7-6 (7/3), 7-5, 6-4. Le Serbe Novak Djokovic, N.3 mondial, a pris une nouvelle dimension ces derniers mois pour se faire une place aux côtés du duo Federer-Nadal, et sa large victoire contre le Britannique Andy Murray en finale de l'Open d'Australie hier est venue l'illustrer avec éclat. Vainqueur 6-4, 6-2, 6-3 du N.5 mondial, Djokovic, 23 ans, a enfin décroché son deuxième titre en Grand Chelem, après l'avoir également emporté à Melbourne, en 2008. Durant ces trois années, l'homme a grandi et n'est plus cet «ado de 20 ans qui frappait aussi fort qu'il le pouvait les yeux fermés», selon ses mots. L'insouciance s'est envolée, il a fallu défendre des trophées, répondre à des attentes. Peut-être un peu trop vite désigné comme rival N.1 de Roger Federer et Rafael Nadal, il a tardé à confirmer. Mais à l'été 2010, ses efforts se concrétisent par une finale à l'US Open, la troisième en Grand Chelem pour lui à l'époque, et surtout sa première depuis sa victoire australienne. Il bat Federer en demie en sauvant deux balles de match, mais perd contre Nadal en finale. Puis, il remporte la Coupe Davis en décembre, devant son public, en balayant les Français malgré une pression énorme. Avec «ce vent dans le dos», il s'envole pour l'Australie plein de certitudes sur son jeu, mentalement plus fort et pratiquant son «meilleur tennis». Durant cette quinzaine, il a effectivement impressionné par son niveau de jeu et son assurance sur le court. Il a certes concédé un set à un inconnu croate au deuxième tour, mais il faut plaider pour l'accident de parcours. Car il a taillé en pièces tous ses adversaires, dans un tableau qui en ferait frémir beaucoup. L'Espagnol Nico-las Almagro, 14e mondial, puis le Tchèque Tomas Berdych, 6e mondial, peu habitués à faire de la figuration ont été expédiés sans ménagement. Son chef-d'oeuvre reste sa demi-finale contre Roger Federer, où le maître suisse, tenant du titre, n'a pas résisté plus de trois sets, 7-6 (7/3), 7-5, 6-4. Très agressif, le Serbe a montré ses progrès au service, associés à un revers à deux mains toujours impeccable et un coup droit puissant. Hier, contre son ami Andy Murray, qu'il connaît depuis ses premiers tournois de jeunes, il s'est comporté en véritable patron. Le Britannique avait pourtant aussi été quasi irréprochable sur le tournoi. Défait l'an passé en finale sur la Rod Laver Arena par Federer, il avait vu, impuissant, les jeux défiler et avait promis que la partie prendrait cette fois une autre tournure. En vain. Car la finale n'a pas tenu ses promesses pour les amateurs de combats acharnés. En un peu plus de 2h30, le Serbe n'a jamais laissé l'Ecossais prendre l'avantage, sauf, très brièvement, au début du troisième set. La première manche n'a basculé qu'à 5-4, 15-30, pour Djokovic, service Murray. Les deux cogneurs frappaient de tout leur saoul 38 coups et au bout de cet incroyable échange, Djokovic parvenait à sortir Murray du court et s'offrait deux balles de set. L'Ecossais, trop inconstant au service, perdait totalement pied au deuxième set et se retrouvait vite mené 5-0, un handicap insurmontable. Malgré un beau baroud d'honneur au 3e, où il s'accrochait autant qu'il pouvait, Djokovic se détachait irrémédiablement en fin de manche, capitalisant sur les fautes adverses. Murray, décomposé, quittait le court en sachant qu'il aurait encore à supporter la sempiternelle question: à quand un successeur à Fred Perry, dernier britannique à s'être imposé en Grand Chelem, en 1936? Djokovic, lui, pouvait laisser exploser sa joie. S'il conserve ces dispositions, l'avenir lui appartient.