Les partenaires de l'Alliance présidentielle, qui mènent campagne tambour battant lors des échéances électorales, se font de plus en plus désirer. La société est en ébullition. Les signes d'un véritable malaise se multiplient. Grèves, marches et tentatives d'immolation se multiplient chaque jour à travers les quatre coins du pays. D'est en ouest, du nord au sud, l'embrasement guette tous les secteurs. Des pères de famille, des jeunes chômeurs et même des fonctionnaires n'hésitent pas à recourir à l'immolation pour exprimer leur détresse. Dimanche dernier, deux tentatives ont été enregistrées. Il s'agit d'un jeune employé de l'Algérienne des eaux de Tizi Ouzou qui a tenté de mettre fin à ses jours. Victime d'un flagrant cas d'injustice, ce fonctionnaire aurait subi une pression par l'un de ses responsables qui voulait le muter «sans motif valable» vers une autre structure relevant de la même entreprise publique. Après plusieurs recours infructueux, ce jeune homme âgé d'une trentaine d'années, s'est rendu au siège de son employeur, l'ADE, muni d'un bidon d'essence pour s'immoler. Fort heureusement, les services de la Protection civile sont intervenus in extremis pour éviter le drame. Le même jour, un agent de sécurité, de la BDL de Staoueli, a tenté la même action. Samedi dernier, un policier âgé de 32 ans s'est immolé devant le siège de la direction de sûreté de la wilaya de Tamanrasset. Les conditions sociales seraient à l'origine de ce suicide. Des mouvements de contestation ont été également signalés. A Béchar, les habitants de la commune de Béni Abbès ont attaqué le siège de l'APC pour dénoncer l'absence de projets de développement. A Boumerdès, des centaines de personnes venues du village Ezzararga de Cap Djinet, ont tenu un sit-in devant le siège de la wilaya pour protester contre leurs mauvaises conditions de vie et dénoncer la marginalisation de leur village. Le malaise social et la dégradation des conditions de travail entretiennent et alimentent ces formes de contestation. Le mois de février promet d'être houleux sur le front social. Plusieurs mouvements de grève se préparent. Enseignants, infirmiers, étudiants, agents de l'APC et chômeurs comptent investir la rue pour exprimer leur ras-le-bol et revendiquer leurs droits à une vie décente. Ce sont les paramédicaux qui ouvriront le bal. Une grève de deux jours sera menée aujourd'hui et demain. Le personnel de la santé va paralyser les hôpitaux. Le sud du pays, moins bien loti que certaines wilayas du nord, ne compte pas rester en marge de ces contestations. Désespérés par les promesses non tenues, les populations de cette contrée reculée d'Algérie veulent se faire entendre. Les chômeurs du Sud comptent se déplacer à Alger pour dénoncer l'absence de toute perspective d'embauche et la précarité qui les guette au quotidien. Un rassemblement est prévu le 6 février à Alger. Cette action vise à faire pression sur les pouvoirs publics en vue de les forcer à répondre à leurs revendications qui consistent, en premier lieu, en la création de postes de travail décents. Ce mouvement sera suivi par celui des patriotes qui vont observer le 8 février un sit-in devant le ministère de la Défense. Mis dans les oubliettes, les gardes communaux, victimes de la tragédie nationale, revendiquent leurs droits et un statut. Malgré les promesses engagées par le Premier ministre, sur le terrain rien n'a été encore concrétisé. Ne voyant rien venir, les patriotes ont décidé de rompre le silence et porter leur revendication dans la rue. Le personnel de l'éducation n'est pas en reste. Les travailleurs promettent de paralyser le secteur. Le syndicat national des corps communs de l'éducation prévoit un sit-in devant le ministère de l'Education le 13 février prochain. Il dénonce la politique de marginalisation et de l'exclusion pratiquée par la tutelle à l'adresse de cette corporation. Après l'éducation, ce sont les collectivités locales qui seront affectées. Les agents se donnent rendez-vous le 20 février prochain pour observer un mouvement de grève afin de revendiquer leur droit. La rue est devenue le seul recours pour attirer l'attention des pouvoirs publics. Alors que le front social s'embrase, les partis de l'Alliance présidentielle désertent la scène. Les trois alliés qui mènent campagne tambour battant lors des échéances électorales, se font de plus en plus désirer.