Un discours, des promesses, une réalité et… des émeutes. La fièvre électorale pour la présidentielle du 9 avril dernier étant passée, les Algériens, en particulier les jeunes, retombent à nouveau dans la réalité difficile de leur quotidien : chômage, protestation et affrontements avec des agents de l'ordre. On assiste, depuis le début du mois en cours, à un même décor. Dans les quatre coins du pays, la situation est la même. A l'Est comme à l'Ouest, au Centre comme au Sud, les jeunes n'hésitent plus à recourir aux manifestations pour faire entendre leur cri de détresse. « Nous souffrons du chômage, de l'exclusion et de la marginalisation… », lancent des manifestants de la commune d'El Marsa dans la wilaya de Chlef. Cette phrase résume toutes les difficultés dont se plaignent les jeunes Algériens. Visiblement lassés par l'attitude des autorités locales, les jeunes de la commune d'El Marsa ont eu recours à une forme de protestation inédite. Ils ont entamé, depuis dimanche dernier, une grève de la faim devant le siège de leur APC et ils exigent l'intervention du gouvernement pour relancer les projets de développement dans la localité. Le même jour, la wilaya d'El Tarf a connu de violentes émeutes. Les motifs sont toujours les mêmes : le chômage et la misère sociale. « Nous dénonçons la pauvreté, le chômage et les conditions de vie misérables dans lesquelles nous vivons », affirment aussi les manifestants de la wilaya d'El Tarf. Les émeutes dans cette région se sont poursuivies hier encore pour la deuxième journée consécutive. La commune de Bouchegouf, dans la wilaya de Guelma a vécu, elle aussi, une journée mouvementée, hier. Les habitants de la commune, rapportent nos correspondants sur place, dénoncent une multitude de problèmes. Les contestataires réclament une amélioration de leur cadre de vie. D'autres wilayas du pays ont connu également la même situation. Le 1er avril dernier, des émeutes ont éclaté aussi dans la wilaya de Ouargla. Les jeunes protestent contre les mêmes maux. En somme, les souffrances sont les mêmes dans tout le pays. En face, le gouvernement se confine encore dans son discours, louant « les grands résultats obtenus dans le domaine de la lutte contre le chômage à travers la création de milliers de postes d'emploi ». Exhibant, tel un trophée, les chiffres du chômage, le gouvernement continue d'ignorer la réalité du terrain. Au lieu d'apporter des réponses aux attentes de la population, le gouvernement se contente, pour le moment, de faire des promesses. Dans son discours d'investiture, le président Bouteflika annonce « la création de trois millions de postes d'emploi durant les cinq prochaines années », après avoir promis d'en créer 2 millions au début de son deuxième mandat. Mais quelle est la nature de ces emplois ? Comment les créer dans ce contexte de crise financière mondiale ? Les mêmes mécanismes de création d'emploi qui ont été critiqués par le passé vont sans nul doute être reconduits. Si tel est le cas, le résultat sera certainement le même : des postes de travail précaires qui ne régleront pas définitivement les problèmes du chômage.