Ils ont décidé d'observer quelques minutes de silence avant le sermon du vendredi. En vue de la création d'un syndicat libre, les imams de Constantine se concertent depuis quelques jours, sur un moyen de pression à la fois «pacifique» et «efficace». La dégradation de leurs conditions sociales, qui empirent de jour en jour, et que personne ne condamne, a mené les prêcheurs de Constantine à vouloir prendre leur destin en main. Ils se sont rendus compte que «si on ne se mobilise pas afin de réclamer nos droits et défendre la noblesse de notre métier, personne ne le fera à notre place. C'est désolant, mais en Algérie, la politique qui règne c'est celle du -chacun pour soi -» a déclaré sereinement un imam qui participe activement à cette démarche. Les imams de la ville des Ponts, ont fait savoir que le moment était venu pour qu'ils se révoltent eux aussi, mais à leur manière! Les imams sont les «oubliés de la société». travaillant tous les jours de l'année, et sans aucun jour de repos, les Imams touchent 23.000 Da environ. Pis encore, il y a ceux qui perçoivent un salaire à peine équivalent au Snmg soit 15.000 DA. Leurs salaires ne sont pas à la hauteur du travail et des sacrifices faits par ces fonctionnaires. Cela n'arrange guère leur mode de vie; ils ne peuvent prétendre à une vie paisible et aisée. Les imams se révoltent et ce malgré la foi qui les anime «J'ai du mal à joindre les deux bouts et à subvenir convenablement aux besoins de ma famille, j'ai des enfants à nourrir et à habiller... et ce n'est pas avec ce misérable salaire -que Dieu me pardonne si je m'emporte un petit peu- que les choses vont changer» a déclaré un imam interpellé à ce sujet. Un autre aspect du ras-le-bol des imams, réside dans le fait qu'il existe plusieurs postes vacants, non attribués laissant ainsi des communes ou des centres universitaires sans salles de prière. Mais comment se faire entendre? Par quelques minutes de silence au début du sermon du vendredi. «Il n'est pas possible de boycotter le sermon en entier...ça serait nuire à la religion et commettre un acte très grave», est-il expliqué. Ne disposant pas d'un syndicat qui défendrait leurs intérêts, les imams envisagent de faire part de tous leurs problèmes sociaux et professionnels par la voie des lettres ouvertes. La question qui se pose est de savoir si les imams des autres wilaya suivront l'exemple?