La déclaration de Sarkozy rejoint celle de la chancelière Angela Merkel, qui avait jugé, le 16 octobre, que le modèle d'une Allemagne multiculturelle, où cohabiteraient harmonieusement différentes cultures, avait «totalement échoué». Le président français, Nicolas Sarkozy, a estimé jeudi que le modèle multiculturel était un «échec» en Europe, emboîtant le pas à la chancelière allemande, Angela Merkel, et au Premier ministre britannique David Cameron, alors que cette question fait débat en Europe. «Oui, c'est un échec. La vérité c'est que dans toutes nos démocraties, on s'est trop préoccupé de l'identité de celui qui arrivait et pas assez de l'identité du pays qui accueillait», a affirmé le président français, questionné sur la problématique du multiculturalisme lors d'une émission au cours de laquelle il était interrogé par neuf Français sur la chaîne de télévision TF1. «Nous ne voulons pas d'une société dans laquelle les communautés coexistent les unes à côté des autres. Si on vient en France, on accepte de se fondre dans une seule communauté, la communauté nationale. Si on n'accepte pas cela, on ne vient pas en France», a-t-il insisté. Cette déclaration rejoint celle de la chancelière, Angela Merkel, qui avait jugé, le 16 octobre, que le modèle d'une Allemagne multiculturelle, où cohabiteraient harmonieusement différentes cultures, avait «totalement échoué». David Cameron avait aussi souligné, le 5 février à Munich, en Allemagne, que «la doctrine du multiculturalisme d'Etat», qui encourage «différentes cultures à vivre séparées les unes des autres», avait échoué. «Franchement, nous avons besoin de beaucoup moins de cette tolérance passive des dernières années», avait-il déclaré, établissant un lien entre cet échec et la montée de l'extrémisme islamiste. Ces prises de position, coup sur coup, des trois principaux leaders européens apparaissent très significatives au moment où l'immigration s'impose comme un enjeu majeur dans la plupart des pays européens, entraînant souvent une poussée de l'extrême droite. Dans ses réponses à un panel de Français jeudi soir, Nicolas Sarkozy a directement cité l'islam, alors que le débat sur le place de cette religion dans la société est de plus en en plus important en France, où vivent 5 à 6 millions de musulmans. «Nos compatriotes musulmans doivent pouvoir vivre et pratiquer leur religion, comme n'importe quel compatriote» d'autres religions, «mais il ne peut s'agir que d'un Islam de France et non pas d'un Islam en France», a souligné M.Sarkozy. «Nous ne voulons pas en France que l'on prie de façon ostentatoire dans la rue», mais il est «normal» qu'il y ait des mosquées, a-t-il ajouté, évoquant une récente polémique en France. Il y a deux mois, la dirigeante de l'extrême droite Marine Le Pen, avait provoqué un tollé en faisant un parallèle entre les prières musulmans dans les rues, lorsqu'ils manquent de mosquées, et l'occupation nazie. «La prière n'offense personne, mais nous ne voulons pas (...) d'un prosélytisme religieux agressif», a jugé le président français. «La communauté nationale française ne veut pas changer son mode de vie, son style de vie, l'égalité entre les hommes et les femmes (...), la liberté pour les petites filles d'aller à l'école», a encore expliqué Nicolas Sarkozy. La France, qui s'est interrogée à l'initiative du gouvernement en 2009-2010 sur le concept d' «identité nationale», a récemment adopté une loi d'interdiction du voile islamique intégral, burqa ou niqab.