Ce raidissement du pouvoir à l'égard de l'opposition intervient après deux séries de manifestations antigouvernementales les 14 et 20 février à Téhéran et dans plusieurs autres villes d'Iran pour la première fois depuis un an. La justice iranienne a averti hier qu'elle considèrerait désormais comme des «contre-révolutionnaires» tous les partisans des deux chefs de l'opposition réformatrice, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, détenus au secret à leur domicile. Les autorités accusent ces deux opposants d'être hostiles au régime issu de la Révolution islamique de 1979. L'accusation de «contre-révolutionnaire» peut entraîner des condamnations sévères. Ce raidissement du pouvoir à l'égard de l'opposition intervient après deux séries de manifestations antigouvernementales les 14 et 20 février à Téhéran et dans plusieurs autres villes d'Iran pour la première fois depuis un an. «Désormais, si quelqu'un répond à l'appel de la sédition, il sera considéré comme un contre-révolutionnaire et traité comme tel», a dit le procureur général, Gholamhossein Mohseni Ejeie. «Toute personne qui soutiendra les chefs de la sédition sera considérée comme un partisan de la contre-révolution». L'expression «chefs de la sédition» désigne, dans le discours officiel, MM.Moussavi, ex-Premier ministre, et Karoubi, ancien chef du Parlement, devenus les principales figures de l'opposition réformatrice depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009. «Désormais, les choses sont claires» et il y a d'un côté le camp de la «révolution» et de l'autre, le camp de la «contre-révolution», a affirmé M.Mohseni Ejeie à l'agence officielle IRNA. Malgré l'interdiction des autorités, des milliers de protestataires ont participé le 14 février à une manifestation, à l'appel de MM.Moussavi et Karoubi, qui a été réprimée par les forces de l'ordre et au cours de laquelle deux personnes ont été tuées. Six jours plus tard, de nouveaux rassemblements de moindre ampleur ont eu lieu à Téhéran et dans d'autres villes. Les deux opposants sont désormais à l'isolement total à leurs domiciles, selon leurs sites Internet. Après M.Moussavi et son épouse Zahra Rahnavard placés au secret chez eux le 14 février, c'est Mehdi Karoubi et son épouse qui ont connu le même sort lundi, selon son site Saham-news. «Des agents de sécurité ont attaqué la maison de M.Karoubi. Mme Karoubi a été enfermée dans une pièce et M.Karoubi dans une autre, ensuite les agents de sécurité ont commencé à fouiller la maison et changé toutes les serrures», a affirmé Sahmanews. «Depuis, il n'y a plus aucune information sur leur sort». Ali Karoubi, l'un des fils de l'ex-chef du Parlement, a été arrêté lundi soir par les forces de sécurité, tandis qu'un autre, Hossein Karoubi, n'a échappé à l'arrestation que parce qu'il était absent de chez lui, selon Sahamnews. Le pouvoir a également arrêté plusieurs dizaines de personnalités plus ou moins connues proches des deux hommes, selon les sites de l'opposition qui font quasi-quotidiennement état d'arrestations depuis deux semaines. Le chef de l'autorité judiciaire, l'ayatollah Sadegh Larijani, a accusé la semaine dernière MM.Moussavi et Karoubi de «trahison», annonçant que la justice avait décidé de couper tous leurs moyens de communication. De nombreuses personnalités du camp conservateur au pouvoir ont appelé à un «châtiment sévère» des deux hommes. Et des dizaines de milliers de partisans du régime ont réclamé leur «pendaison» vendredi lors de manifestations organisées par les autorités dans tout le pays. L'ayatollah ultra-conservateur Ahmed Janati a répondu que la justice agirait «en fonction de l'intérêt» du pouvoir, mais a promis que MM.Moussavi et Karoubi serait «emprisonnés dans leur propre maison» sans contact avec l'extérieur.