La bureaucratie risque de faire capoter toute la stratégie tracée par le gouvernement. Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (Cnpa), Mohamed Saïd Naït Abdelaziz, a affirmé que les meures prises par le Conseil des ministres de mardi dernier vont contribuer à la promotion de l'investissement et de l'emploi en Algérie. A une condition. Que l'application puisse suivre sur le terrain. Pour ce faire, il préconise la création d'une structure permanente placée sous l'autorité du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, pour coordonner toutes ces mesures. Dans ce comité de pilotage, il faut que le patronat puisse figurer en bonne place, dit-il. Il est le seul à préconiser la création d'une instance suprême qui sera chargée de chapeauter la mise en application de ces nouvelles mesures et de celles déjà existantes en faveur de la promotion des investissements et des entreprises nationales privées et publiques. Le président de la Cnpa a souligné, dans ce contexte, que les nouvelles mesures qui s'ajoutent à d'autres déjà mises en application, sont à même de booster le rôle des banques et du système bancaire dans l'édification d'une économie forte et diversifiée. Si ce représentant du patronat voit d'un bon oeil les mesures économiques décidées par le Conseil des ministres, elles ne sont pas faites pour satisfaire les économistes. Contacté à ce propos, le professeur Abderrahmane Mebtoul, président de l'Association de développement de l'économie de marché, pense qu'il ne s'agit en réalité que de saupoudrage. Selon lui, le véritable défi de l'Algérie est celui de sortir de l'économie rentière pour passer à une économie de production. Or, selon cette même source, ces dernières décisions sont plutôt destinées à calmer le front social. D'ailleurs, l'analyse de Mebtoul est simple. Il s'agit encore et toujours d'une distribution de la rente pétrolière à travers les transferts sociaux qui sont déjà de 15 milliards de dollars pour 2011. L'Etat n'est pas un organe destiné à créer de l'emploi. La tâche revient à l'entreprise, dit-il. Toutefois, les entreprises sont étranglées par de nombreux écueils. Bureaucratie, difficulté d'obtention de crédits bancaires et problématique du foncier sont autant d'obstacles qui freinent le développement de la PME et par conséquent ne conduisent guère à une création satisfaisante de l'emploi. Notre source s'étonne du fait qu'aucun bilan n'a été effectué pour mesurer l'efficacité des dépenses entrant dans le cadre du quinquennat précédent. Il doute qu'il y ait une quelconque vision économique à long terme du gouvernement, ce qui le conduit à prédire un effet limité de ces mesures. L'analyste financier, Mohamed Gharnaout, résume sa pensée en estimant que ces mesures sont faites pour acheter la paix sociale. Pourtant, selon le gouvernement, l'ensemble des nouvelles décisions visent essentiellement à encourager la création de l'embauche en faveur des jeunes à travers des mécanismes comme celui de l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes. Cette réserve est adoptée, malgré le fait que le Conseil des ministres a aussi annoncé mardi dernier plusieurs mesures en faveur de l'économie nationale, autant dans le domaine financier et bancaire que pour l'investissement des entreprises et l'emploi. Le Trésor a été chargé de mettre à la disposition des banques publiques une ligne de crédit à long terme de 100 milliards de dinars renouvelables afin de permettre à ces banques de financer les projets à maturité longue. C'est une demande permanente du patronat. Toujours dans le domaine du financement de l'investissement, le Conseil des ministres a également décidé la mobilisation des sociétés d'investissements dont la création par les banques publiques est parachevée, pour gérer les fonds d'investissements des wilayas et promouvoir leur participation pendant une période initiale au capital des petites et moyennes entreprises. Il a été aussi décidé de lancer, à partir du mois de mars 2011, des sociétés publiques de leasing destinées à alléger le coût de la location-vente des équipements pour les nouvelles PME qui souhaitent recourir à ce dispositif. Le Conseil a, par ailleurs, décidé une augmentation de l'abattement des charges patronales de cotisation à la sécurité sociale pris en charge par l'Etat, afin d'alléger les charges patronales pour le recrutement des jeunes demandeurs d'emploi. Cet abattement passera ainsi de 56% à 80% dans les wilayas du nord du pays et de 72% à 90% dans les wilayas des Hauts-Plateaux et du sud du pays.