«Le gouvernement marocain est favorable à la normalisation des relations avec l'Algérie et la réouverture des frontières», a indiqué Taïeb Fassi Fihri. La sortie médiatique du chef de la diplomatie marocaine résonne en écho aux dernières déclarations de son homologue algérien. «Le Maroc est en faveur de la normalisation des relations avec l'Algérie et la réouverture des frontières», a affirmé le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération dans un entretien accordé à l'agence de presse portugaise Lusa, lors d'une visite de travail qu'il a effectuée mardi et mercredi derniers au Portugal. Dans une interview, le 22 février 2011, à la chaine de télévision France 24, d'expression arabe, Mourad Medelci n'a pas caché que des efforts étaient actuellement consentis par l'Algérie et le Maroc et qu'ils s'inscrivaient dans le cadre de l'instauration d'un «nouveau climat positif» à même de favoriser la dynamisation des relations entre les deux pays. Le chef de la diplomatie algérienne a fait part de l'existence d'une «initiative de dynamisation des relations qui devrait donner lieu à une «avancée positive» pour l'activation et la consolidation des relations de coopération économique et sociale entre les deux pays». En quoi consiste cette action? Elle permettra à trois ministres d'effectuer, au mois de mars, des visites dans les deux pays pour examiner les moyens à même d'insuffler «une nouvelle dynamique» à la coopération bilatérale dans des domaines sensibles, notamment l'énergie et l'agriculture, a révélé le ministre algérien des Affaires étrangères. La question de la réouverture des frontières entre les deux pays, fermées depuis 1994, risque par contre de sérieusement buter sur le dossier du Sahara occidental. C'est un secret de polichinelle, les positions entre Alger et Rabat au sujet de ce conflit, qui oppose le Maroc et le Front Polisario depuis 1975, sont aux antipodes. Comment les deux pays comptent-ils surmonter cet écueil? «Grâce aux efforts de l'envoyé onusien au Sahara occidental, M.Christopher Ross, le Maroc et le Front Polisario devront entamer des négociations dont nous attendons beaucoup», a estimé le chef de la diplomatie algérienne qui a en outre qualifié la situation actuelle, de ce différend, d'«anormale entre frères et voisins». De son côté, le ministre marocain des Affaires étrangères a reconnu que la question du Sahara occidental divise les deux pays, tout en soulignant qu'«un Maghreb intégré est une nécessité stratégique et un impératif économique». Au sujet du Sahara occidental, le gouvernement marocain ne semble pas prêt à faire la moindre concession et pointe du doigt le Front Polisario et l'Algérie. «L'initiative marocaine d'autonomie constitue l'unique solution pour le règlement du conflit artificiel autour du Sahara marocain...» L'Algérie et le Polisario campent sur leurs positions rigides sans aucune volonté d'avancer vers un compromis» a souligné Taïeb Fassi Fihri dans une dépêche répercutée par l'agence officielle de presse marocaine MAP, datée du 25/02/2011. L'enjeu est cependant d'une extrême importance au moment où le Maghreb est en train de se remodeler avec la révolution de Jasmin en Tunisie et celle qui est sur le point de balayer Mouamar El Gueddafi en Libye. L'Algérie et le Maroc, qui présentent des garanties évidentes de stabilité, peuvent former les piliers sur lesquels se construira l'Union du Maghreb. «Nous entendons poursuivre les efforts de concertation et de coordination nécessaires pour approfondir nos relations bilatérales avec les Etats maghrébins frères», a déclaré, au mois de juillet 2010, Mohammed VI lors d'un discours prononcé pour la célébration du 11e anniversaire de son accession au trône. «Je tiens à réitérer ma volonté de raffermir les relations et la solidarité entre nos deux peuples frères sur la base de relations solides mises au seul service de leurs intérêts mutuels», a écrit, au mois de novembre 2010, le président de la République dans un message adressé au souverain chérifien à l'occasion de la célébration du 55e anniversaire de l'indépendance du Maroc. Rabat et Alger semblent décidées à mettre fin à leur brouille. Comme un fait du hasard, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a remis les pendules à l'heure. Dans un message au président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, il a réaffirmé le soutien de l'Algérie aux efforts de la communauté internationale pour une solution basée sur l'autodétermination du peuple sahraoui au moment où il célèbre le 35e anniversaire de la proclamation de la RASD. «Je saisis cette occasion pour vous réaffirmer l'attachement de l'Algérie à la stricte mise en oeuvre de la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation», a indiqué le chef de l'Etat. «L'Algérie, en sa qualité de pays voisin aux deux parties au conflit, continuera...à encourager le dialogue entre le royaume du Maroc et le Front Polisario, sous l'égide de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, en vue de parvenir à une solution, fondée sur la légalité internationale, qui garantisse au peuple sahraoui l'exercice de son droit à l'autodétermination», a affirmé le chef de l'Etat.