Malgré les “niet” des ministres algériens de l'Intérieur et des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie marocaine a réitéré la demande de normalisation des relations avec l'Algérie. Rabat semble disposé à traiter tous les contentieux en suspens entre les deux capitales comme l'exige Alger, selon la proposition de Taïeb Fassi-Fihri. Dans un communiqué rendu public lundi dernier, le ministère marocain des Affaires étrangères a réaffirmé son appel à la normalisation des relations avec l'Algérie. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïeb Fassi-Fihri, a indiqué que le Maroc “réitère son engagement sincère en faveur d'une normalisation de ses rapports bilatéraux avec l'Algérie sœur et voisine”. Cette déclaration est intervenue après l'audience accordée lundi dernier au chargé d'affaires auprès de l'ambassade d'Algérie dans la capitale marocaine. Saisissant cette occasion, le chef de la diplomatie marocaine a de nouveau insisté sur la réouverture de la frontière entre les deux pays. “Le Maroc appelle, de nouveau, à la réouverture de la frontière terrestre entre les deux pays, fermée depuis 1994, et à la reprise de la coopération bilatérale dans ses différents volets”, a-t-il souligné. Taïeb Fassi-Fihri a transmis au diplomate algérien une proposition officielle du gouvernement marocain consistant en la tenue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur des deux pays. L'objectif de cette rencontre, selon le communiqué, est de “faire le point sur l'état des relations bilatérales, d'examiner les questions en suspens et d'arrêter, d'un commun accord, les modalités d'une relance effective et durable des relations entre les deux pays frères”. C'est la troisième fois que Rabat lance cet appel. Pour rappel, le premier appel en ce sens du Maroc a eu lieu le 20 mars dernier et avait eu pour réponse le niet du ministre algérien d'Etat et ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, lequel avait expliqué que le problème de la circulation aux frontières algéro-marocaines “n'est pas une question isolée et doit être prise dans un cadre général”, insistant sur le fait que “le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place”. Zerhouni avait ajouté qu'il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Apparemment, non satisfait de cette réponse, le gouvernement marocain a reformulé la demande. Ce fut alors au tour du ministre algérien des Affaires étrangères de renouveler le refus d'Alger le 10 avril dernier. Nuançant le rejet, il a déclaré que “la réouverture des frontières est envisageable dans le cadre des évolutions qui sont souhaitées par les deux parties et qui, le moment venu, révéleront que telle ou telle difficulté a pu être dépassée qui nous mette dans une meilleure position d'ouverture, en général, et d'ouverture des frontières, en particulier”. C'est une manière de poser la condition de la réouverture des frontières, qui est le traitement de tous les dossiers bilatéraux. Mourad Medelci a clairement affirmé que la résolution de ces dossiers permettra une meilleure entente entre les deux pays, et l'ouverture des frontières ne sera alors qu'une matérialisation d'une certaine normalisation des relations entre les frères ennemis du Maghreb. Reste à savoir maintenant quelle réponse réservera cette fois-ci l'Algérie à cette troisième demande marocaine, laquelle, notons-le, renferme une proposition concrète, à savoir la réunion entre les ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur des deux pays pour étudier les contentieux en suspens. K. ABDELKAMEL