Rabat, qui n'a eu de cesse de relancer Alger pour une réponse officielle au sujet des frontières terrestres fermées entre les deux pays, a eu droit hier à la déclaration du chef de la diplomatie algérienne, lequel a réitéré les propos de son homologue de l'Intérieur. Emboîtant le pas au ministre d'Etat et ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, le chef de la diplomatie algérienne, a indiqué hier que la réouverture de la frontière terrestre entre l'Algérie et le Maroc est loin de constituer une priorité dans les relations entre les deux pays. Rabat, qui refusait de considérer le niet du ministre algérien de l'Intérieur à sa demande de réouverture des frontières comme une réponse officielle, a eu donc droit hier à une réponse quasi similaire de la part du ministre des Affaires étrangères. Intervenant sur les ondes de la radio Chaîne III dans le cadre de l'émission “L'invité de la rédaction”, Mourad Medelci a réitéré la position ferme d'Alger à ce sujet. En effet, le chef de la diplomatie algérienne a affirmé que la question de “la réouverture de la frontière n'était pas envisagée dans l'immédiat”. Le ministre n'a cependant pas exclu cette possibilité à moyen terme si, bien sûr, une avancée est constatée dans le traitement des dossiers pendants entre les deux pays. Il a expliqué que l'Algérie tient à traiter cette question dans un cadre global et non comme un point isolé. C'est pratiquement ce qu'avait déclaré, le 22 mars dernier, le ministre d'Etat et ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. “Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place”, avait notamment affirmé Noureddine Yazid Zerhouni, suite à l'appel lancé quelques jours auparavant par le gouvernement marocain pour la réouverture des frontières entre les deux pays. Il avait surtout mis l'accent sur le fait que “le problème de la circulation des biens et des personnes aux frontières ne peut être dissocié d'une approche globale de ce que nous voulons faire de notre Maghreb”. Cette sortie médiatique a été mal appréciée du côté marocain, où le cabinet d'Abbas El-Fassi n'avait pas tardé à renouveler son appel après une communication sur le sujet en conseil de gouvernement de son ministre des Affaires étrangères, Taïeb Fassi Fihri. Le chef de la diplomatie marocaine n'avait pas considéré les déclarations de Zerhouni comme “une réponse officielle” des autorités algériennes, la mettant sur le compte de “commentaires” de ministres algériens. Reste à savoir maintenant si cette réponse, qui émane du ministre algérien des Affaires étrangères, satisfera le Maroc. K. ABDELKAMEL