Revenant à la charge jeudi dernier, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Taieb Fassi Fihri, estime qu'aucune réaction officielle du gouvernement algérien n'a été enregistrée à ce jour à l'appel du Maroc en faveur de la réouverture des frontières. D'où ce nouveau rappel. Faisant la sourde oreille à la réponse on ne peut plus officielle du ministre d'Etat et ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, lequel avait répondu le 22 mars dernier, que la réouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc n'était pas d'actualités, Rabat réitère son appel à ce sujet. Pourtant, le niet algérien émanait d'un ministre d'Etat, et était argumenté par le fait que “le problème de la circulation des biens et des personnes aux frontières algéro-marocaines n'est pas une question isolée et doit être prise dans un cadre général”. Considérant cette réponse comme “commentaires” de ministres et non une réponse officielle, le gouvernement marocain est revenu à la charge jeudi au cours de sa réunion. De qui la réponse algérienne doit-elle émaner pour que Rabat la considère comme officielle, si celle d'un ministre d'Etat ne l'est pas ? Dans son rapport, le chef de la diplomatie marocaine, Taïeb Fassi Fihri, a affirmé qu'“aucune réaction officielle algérienne n'a été enregistrée à ce jour à l'appel du Maroc en faveur de la réouverture des frontières, qui procède d'une démarche sincère et de bonne foi”. Selon lui, plusieurs membres du gouvernement algérien ont, toutefois, publiquement émis des commentaires et des positions malheureusement contraires à l'idée d'une réouverture de la frontière, en l'état actuel des choses. À partir de ce constat, Fassi Fihri rappellera que “l'appel du royaume du Maroc procède d'une démarche sincère et de bonne foi, somme toute normale entre deux pays voisins, dont les peuples frères, unis hier dans le combat pour l'indépendance, partagent aujourd'hui les mêmes aspirations au rapprochement, au progrès et à la stabilité”. Le ministre a, par ailleurs, rappelé les multiples initiatives prises par SM le roi, que Dieu L'assiste, en faveur d'une normalisation des relations entre les deux pays frères, et en particulier de la réouverture de leur frontière commune, dont le communiqué publié le 20 mars 2008 par son département sur le sujet. Il dira en ce sens qu'il est intervenu suite à la déclaration des hautes autorités algériennes, à des médias internationaux, justifiant le refus de la réouverture, pour l'instant, de la frontière terrestre par les obstacles qui seraient, selon elles, liés aux conditions ayant présidé à sa fermeture par l'Algérie en 1994. Ces propos ont été rapportés par le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, lors d'un point de presse à l'issue du conseil du gouvernement, dont les membres, selon la même source, se sont félicités de l'appel récemment lancé par le royaume du Maroc pour la réouverture de la frontière terrestre avec l'Algérie et se sont enquis de la réaction des autorités algériennes à cet égard. Dans ce contexte, a encore souligné M. Naciri, le Maroc a souhaité lancer de nouveau un appel solennel à la réouverture de la frontière entre les pays frères. Constatant que c'est la solution aux difficultés économiques et sociales auxquelles est confronté le Maroc oriental, Rabat n'a d'autres choix que de faire pression sur Alger pour avoir gain de cause, refusant cependant de traiter de manière global les différends entre les deux pays, comme le souhaitent les autorités algériennes. Voilà un entêtement inutile, qui n'aboutira à rien, parce que comme l'a dit Zerhouni : “Il ne s'agit pas de construire un Maghreb où les uns gagnent et les autres perdent. Le Maghreb ne se limite pas seulement au Maroc et à l'Algérie. Il faut que tous les peuples qui se trouvent dans cet ensemble trouvent leur place.” K. ABDELKAMEL