Sur 414 cas confirmés, la grippe A/H1N1 a tué cinq personnes depuis octobre dernier. Qui croire? Le ministère de la Santé ou l'Institut Pasteur? L'un confirme par la voix de la très officielle APS l'existence de 12 cas de grippe porcine, l'autre soutient que cette maladie est inexistante en Algérie. «Il n'y a pas de grippe porcine en Algérie», a déclaré, hier, le ministre Djamel Ould Abbès, lors d'une conférence de presse tenue au siège de son département, à Alger. Spécialistes et hauts responsables du secteur de la santé on été appelés en renfort pour défendre cette thèse. Il s'agit du Dr Smaïl Mesbah, directeur de la Prévention au ministère, du Dr Samia Amrani, responsable du programme ministériel de lutte contre la grippe (porcine?) et du Pr Fawzi Derrar, chargé du dossier grippe à l'Institut Pasteur. «Les trois virus de grippe dont le H1N1 et le H3N2 qui circulent en Algérie sont loin de l'origine génétique dite porcine», a soutenu le Pr Derrar. Revirement à 180° et en 48 heures d'intervalle. Le 5 mars, une dépêche de l'APS tombe à 16h 47. Elle reprend les déclarations du Pr Derrar. «Douze personnes sont atteintes du virus H1N1 de la grippe porcine dans les wilayas de Aïn Defla, Alger et Tizi Ouzou (Azazga), ces dernières 72 heures, a indiqué samedi, le chargé du dossier grippe à l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), le professeur Fawzi Derrar», lit-on dans cette dépêche qui n'a jamas été démentie. Le professeur ajoute qu'«en plus des cinq cas de grippe porcine confirmés à Aïn Defla, le virus a aussi frappé trois autres personnes dans la même wilaya au niveau d'une école de la Protection civile». Et le Dr Mesbah d'ajouter une couche à cet imbroglio. «Il n'y a pas de grippe porcine. Les cas enregistrés sont seulement ceux de la grippe saisonnière», a-t-il signalé. Ce cafouillage met en évidence les carences qui caractérisent la gestion d'un dossier aussi sensible que celui du H1N1. Entre-temps, ce virus continue de faire des victimes. «Il est à déplorer 4 décès dûs au virus grippal A/H1N1 chez des personnes présentant un facteur de risque de gravité (pathologie chronique associée)», a indiqué un communiqué du ministère, remis, hier, à la presse. Ce communiqué fait le point sur la situation actuelle de la grippe A/H1N1, à l'échelle nationale. Qu'en est-il des cas de grippe enregistrés à ce jour? «Sur 878 prélèvements réceptionnés depuis le mois d'octobre 2010, à ce jour, 414 se sont révélés être de la grippe saisonnière», a mentionné le même communiqué. Nonobstant l'origine du virus, le plan national de lutte contre la grippe est toujours en vigueur. Ce plan a été mis en place ces dernières années. Il a été consolidé suite à l'apparition de la grippe porcine et sa propagation dans plusieurs pays du monde, l'année précédente. «Nous avons commandé 2.220.000 doses de vaccin antigrippal saisonnier dont 90% ont été utilisées à l'échelle nationale», a annoncé le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès. Le plan existe, mais son application risque de buter sur la colère du personnel de la santé publique. Par ailleurs, le ministre a indiqué que son département diffusera un communiqué hebdomadaire sur l'évolution de «la situation grippe A/H1N1». Cette stratégie de communication risque de buter sur une grande inconnue: l'origine du virus H1N1.