Le président français tient à son Elysée même s'il doit passer sur les corps des musulmans. Sarkozy lorgne l'électorat de l'extrême droite. Pour atteindre son objectif, il a une stratégie bien tracée. Stigmatiser la communauté musulmane. C'est le raisonnement du Front national qu'il adopte. Affolé par Marine Le Pen donnée grand vainqueur lors du premier tour de la prochaine élection présidentielle française, le président n'a d'autre choix, pense-t-il, que de faire appel à des ultras. De cette manière, il poursuit un autre objectif tout aussi populiste. Remonter dans les sondages. Sa popularité ne cesse de dégringoler auprès de la population française. Il obtient les scores les moins élevés de tous les présidents de la VI République. Et gare aux voix discordantes! C'est en effet pour avoir protesté contre le débat sur l'Islam et les discriminations contre les musulmans en France, qu'Abderrahmane Dahmane a été limogé vendredi dernier de son poste de conseiller à la diversité. Abderrahmane Dahmane voit d'un mauvais oeil l'entreprise de Sarkozy de stigmatiser la communauté musulmane. En opérant de la sorte, le président cache mal sa volonté de s'en prendre délibérément et sans raison aux 4 millions d'Algériens qui vivent sur le territoire français. Il est prêt à sacrifier cette population pour des buts électoralistes au risque de conduire à une détérioration des relations avec l'Algérie, des relations qui ont d'ailleurs pour coutume d'évoluer en dents de scie. Mais pourquoi le président et son parti l'Union pour la majorité présidentielle tiennent-ils tellement à un débat sur l'Islam et les musulmans si ce n'est dans l'objectif de ghettoiser cette communauté qui a sassez souffert des relents racistes de nombreux autres hommes et maintenant des femmes politiques? Le débat ne doit-il pas porter, au contraire, sur la laïcité? Musulmans, chrétiens et juifs peuvent vivre en communauté dans une République laïque. Alors pourquoi pas un débat sur une seule composante de ce pays? Sarkozy tombe dans le piège des Le Pen. Toute la presse parisienne l'a souligné. Et Abderrahmane Dahmane a son avis sur la question. Il réclame simplement de mettre fin à ce qu'il qualifie de débat honteux. «Ce débat qui discrimine et stigmatise les musulmans de France», dit-il. En agissant de la sorte, le président prouve qu'il est un mauvais élève. Il n'a rien appris de l'échec retentissant de la tentative de son ministre de l'Identité nationale, Eric Besson, d'enclencher le même débat. Les opposants à ce genre d'initiatives s'inquiètent. Il y a des musulmans respectueux de la République et de ses valeurs et ils ne voient pas pourquoi le président veut les caser en marge de la société à laquelle ils appartiennent. Des musulmans se sont même battus pour la France. 50.000 musulmans sont morts à Verdun. Ce débat est dangereux. Il peut avoir des conséquences désastreuses. Et le président le sait. «J'ai personnellement informé le président, à plusieurs reprises, que ce débat est contre-productif. Et qu'il ne pouvait pas intéresser la population française étant donné que le problème est la crise en France, le chômage, le logement», dit Abderrahmane Dahmane. Mais au lieu d'écouter son conseiller, le président persiste et continue de s'occuper des religions. En convoquant les Français à un show médiatique. Avec cette question: pourquoi le débat sur l'Islam doit-il se faire devant les caméras de télévision et non dans les mosquées tout comme le débat sur le judaïsme doit se faire dans les synagogues et le débat sur le christianisme dans les cathédrales? Ce sont autant d'indices qui mettent au grand jour la volonté de Sarkozy de sauver son mandat même s'il doit créer des frontières entre Français. Car il ne faut pas croire que la cible du président se limite aux étrangers. Même les Français sont vus d'un mauvais oeil dès qu'ils affichent, ou pas d'ailleurs, des croyances différentes de celles de l'héritage judéo-chrétien assumé par l'UMP et le premier de ses responsables.