Tant attendue sur les deux rives de la Méditerranée, elle a été officiellement lancée mercredi soir à Paris devant un parterre impressionnant d'invités. La cérémonie officielle s'est déroulée dans la salle de conférences internationales avenue Kléber devant près d'un millier d'invités triés sur le volet. Il y avait des journalistes de la presse française et des correspondants locaux de la presse algérienne, mais aussi des diplomates, hommes de culture comme le cinéaste Mohamed Lakhdar Hamina, Sid Ahmed Agoumi, ou encore Khaled et Safy Boutella. Beaucoup de représentants de médias et d'organismes culturels étaient présents à cette grande inauguration comme Nasser Kettane, le directeur de Beur FM, ceux de l'Institut du monde arabe, le responsable de la Radio Orient ou encore du P-DG de TV5, Serge Adda. La conférence qui devait démarrer à 16h 30 n'a finalement commencé qu'à 17h30 au moment du ftour à Paris, et ce, en raison de l'affluence qu'a connue cet événement culturel important. Après une courte intervention du commissaire général de l'Année de l'Algérie en France 2003, c'est le chef de la diplomatie française, M.Dominique de Villepin qui prit la parole en rappelant qu'il y a deux années, les Présidents Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika avaient souhaité que «la France et l'Algérie se donnent rendez-vous en 2003 pour sceller les retrouvailles des deux pays.» «Ce rendez-vous, a-t-il dit, a été ardemment espéré, longtemps attendu, longuement préparé.» M.de Villepin a déclaré aussi, que cet événement «un parti pris courageux» à un moment où «l'on assiste à un retour de tentations, qui, dans l'histoire, ont toujours mené au pire». M.de Villepin, qui a affirmé que l'Année de l'Algérie en France ne sera pas «un rendez-vous comme les autres» avant d'ajouter que «ce rendez-vous a été ardemment espéré, longtemps attendu, longuement préparé». Le chef de la diplomatie française a expliqué que l'Année de l'Algérie arrive comme un défi au moment où «notre monde vit à l'heure de tous les dangers» où les «nouvelles menaces qui pèsent sur notre avenir se font plus pressantes» et l'on assiste à la «tentation du repli sur soi, du réveil des identités agressives ou guerrières, en réaction à un monde qui tend à s'uniformiser». Pour le chef de la diplomatie française, «l'Algérie a mille visages, et il nous faut aujourd'hui les redécouvrir». Il a considéré, enfin, que l'Année de l'Algérie sera aussi l'occasion «de tendre la main à un pays qui aspire à la paix et à la prospérité». De son côté, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères algérien, M.Abdelaziz Belkhadem a déclaré que l'Année de l'Algérie en France en 2003 sera un événement «sans précédent et sans équivalent dans l'histoire» des manifestations similaires qui ont été organisées en France. Il a surtout relevé le fait que cette exception est due d'abord à la «spécificité de la relation algéro-française que caractérise entre autres éléments distinctifs, une extraordinaire imbrication des sociétés aux plans humain, social et culturel». Il a aussi rappelé qu'une «proportion considérable du peuple algérien maîtrise la langue française et développe une connaissance fine de la France, de sa culture, de son passé et de son actualité». M.Belkhadem a déclaré, par ailleurs, que le volume extrêmement important des manifestations - 625 projets finalisés, 200 à l'étude et 1 827 manifestations prévues à travers toute la France - fera de l'Année de l'Algérie un moment fort de la relation algéro-française qui permettra la découverte en France de toutes les facettes de la culture algérienne dans toutes ses dimensions. Enfin pour le chef de la diplomatie algérienne, il s'agit de «défricher le terrain» pour instaurer un «véritable partenariat» exemplaire d'une relation confiante entre un pays émergent et un pays développé. Du côté du secteur de la culture, le ministre français de la Culture, M.Jean-Jacques Aillagon a qualifié l'Année de l'Algérie en France de «grand événement» et donné quelques détails sur la richesse de l'événement. M.Aillagon, a saisi l'opportunité de la présence de la ministre de la Communication et de la Culture, Mme Khalida Toumi, pour lui annoncer son intention de se rendre en Algérie au début de l'année 2003 pour «promouvoir un protocole de coopération qui engagera les ministères à une plus grande collaboration» et surtout l'inviter à penser, dès maintenant, à l'après-Année de l'Algérie pour imaginer un renforcement de la coopération culturelle. Pour sa part, Mme Khalida Toumi, ministre de la Communication et de la Culture, porte-parole du gouvernement, plusieurs fois ovationnée, a tenu à marquer sa présence dans cette manifestation et a affirmé que l'Algérie sera représentée dans toute sa diversité. Un discours tiré directement de la littérature de Mohamed Dib et de Mouloud Feraoun. «En dépit de l'agression multiforme», dont a été l'objet l'Algérie durant une décennie, elle n'a «jamais été complètement absente du concert des nations, encore moins du domaine de la création, des arts et de la pensée». Elle a aussi déclaré que l'artiste, le créateur, les gens de culture et de sciences algériens sont faits comme le palmier, ainsi que le dit un adage algérien: «Tu lui jettes des pierres, il te renvoie des dattes.» La ministre de la Culture a été récompensée par une standing-ovation quand elle se tourne vers ses hôtes français en déclarant: «Il faut créer un pont humain entre l'Algérie et la France et faire comme Zizou qui vous est national à vous comme à nous.»