Si dans cette crise la victime est connue, le responsable, lui, reste indéfini... Le manque de liquidités perdure et met les nerfs des citoyens en effervescence. La crise dure depuis plus de 10 jours. Elle a pris des proportions inquiétantes au niveau de l'ensemble des bureaux de poste sur le territoire de la wilaya. Ces enceintes de service public ne désemplissent pas avec le virement des mensualités des retraités. En effet, depuis le 20 de ce mois, ils sont des centaines à venir tôt le matin attendre pour repartir bredouilles. Les personnels du centre payeur de Bouira, cité Farachati, tentent de colmater les brèches en faisant la «cueillette» des sommes versées par des usagers qui honorent leurs factures d'électricité, de téléphone ou de crédit automobile. Leur bonne volonté est, hélas, vite dissipée par le manque de liquidités. Ils subissent alors la grogne des clients porteurs de chèques postaux qui attendent tout un mois pour pouvoir disposer de leur maigre bien. Avant-hier, plus de trois cents personnes âgées se sont engouffrées dans la salle pour attendre la Providence, en vain. Devant cette situation redondante, nous avons essayé de comprendre le pourquoi de la chose. Selon un cadre de la Poste, la faute incombe à la réglementation. Par le passé, un responsable de wilaya pouvait faire appel à l'aide d'un collègue d'une autre wilaya. Désormais cette possibilité est assujettie à une autorisation de la direction générale. Chacun sait que certaines régions du pays ne sont pas touchées par le phénomène. L'exemple le plus cité, reste celui de la wilaya de Sétif ou de Bordj Bou Arréridj qui, grâce à leurs importantes activités économiques, et les multiples virements consentis par les opérateurs, n'ont pas besoin de recourir à la Banque d'Algérie. Nombreux sont les citoyens de Bouira qui rallient la ville d' «El Yachir» daïra de Bordj Bou Arréridj pour retirer leurs salaires mensuels Ce n'est pas le cas de Bouira où seuls quelques organismes comme l'Opgi, déposent leurs recettes au niveau des Postes d'où l'obligation de recourir à la Banque d'Algérie qui reste l'unique pourvoyeuse de fonds. Au niveau de cette institution publique c'est l'attentisme qui prévaut puisque, selon nos informations, la banque se limite à ses recettes et n'alimente que quelques unités postales. La mise en place de l'autorisation, qui s'apparente à une limitation des prérogatives des Postes est, selon notre interlocuteur, un des éléments essentiels de la crise. Cette décision qui s'inscrit apparemment dans les mécanismes de lutte contre les détournements s'est retournée contre la Poste et sanctionne directement les usagers et clients des chèques postaux. L'autre cause incombe aux citoyens. Par méfiance, ces derniers préfèrent garder leurs biens chez eux. Rares sont les particuliers qui recourent aux comptes. «Je préfère garder mon argent sur moi pour pouvoir en disposer à ma guise», nous affirme un marchand de meubles. «Les grossistes refusent les chèques, ils exigent des paiements au comptant» ajoutera notre commerçant. La désorganisation qui prévaut sur le marché et les transactions directes ont englouti une grande partie de la billetterie sur le plan national. La multitude des justifications ne doit pas faire oublier que dans toute cette affaire, c'est le salarié modeste qui en subit les aléas. «Le directeur de la banque ne s'inquiète pas parce qu'il ne vit pas notre calvaire», nous affirmera un enseignant retraité qui attend selon lui, depuis trois jours, son minuscule pécule. Au milieu de cet imbroglio, le retraité continuera à faire quotidiennement la chaîne pour peut-être retirer un jour ses 18.000 DA. Si dans cette crise la victime est connue, le responsable, lui, reste indéfini...